lundi 28 juin 2010

Agent immobilier ou Samsar ?

Le marché de la pierre en Tunisie est en plein boom. Mais force est de constater que certains acteurs locaux de l’immobilier ne suivent pas la cadence.

La Tunisie est La Belgique du continent africain. Tout comme le plat pays, l’ancien empire d’Hannibal a « une pierre dans le ventre ». Près de 80% des tunisiens sont propriétaires de leur logement. Un chiffre qui atteindra 90% en 2014. Longtemps supportée par une demande interne, l’immobilier local attire aujourd’hui de nouveaux acheteurs : les européens. Une clientèle à fort pouvoir d’achat et aussi très exigeante : « Même si le prix du mètre carré est largement inférieur à celui pratiqué en France. Cette clientèle demande malgré tout un service de qualité en retour », affirme Fathi Snoussi, agent immobilier sur Tunis. De nouveaux acheteurs qui ont changé certaines habitudes : « Pendant longtemps en Tunisie, une transaction immobilière se traitait en direct ou bien par l’intermédiaire d’un samsar. Mais depuis une décennie sous l’impulsion des investisseurs étrangers les agents immobiliers officiels commencent à intégrer le marché », analyse Fathi. Des intermédiaires officiels encore très peu nombreux par rapport aux milliers de samsar toujours présent sur le marché de la pierre.

Vous prendriez bien un petit « samsar » !

Tout le monde ou presque peut s’autoproclamer samsar. Inutile de faire une formation, de posséder une carte professionnelle ou même de s’acquitter d’une taxe. Pour exercer cette fonction, deux conditions seront exigées : posséder du bagou et détenir un réseau. Et généralement ce sont les garçons de café qui correspondent le plus au profil recherché : « Le café est l’endroit idéal pour recueillir les dernières nouvelles. Dès qu’un de mes clients me fait part de son souhait de vendre sa maison. J’en parle à un ami qui est employé dans un bar d’hôtel. Et si la vente est réalisée, on se partage la commission », raconte Mounir serveur au Next One de Carthage. Une profession clandestine qui n’est régit par aucune règle : « Rien n’est écrit, tout est verbal, et bien souvent ces samsar n’ont pas fait d’études, ils ne possèdent pas de diplôme. Et plus grave, ils ne maitrisent pas la législation des transactions immobilières », se plaint l’agent immobilier de Tunis. Un intermédiaire à éviter absolument, « même si tous ne sont pas des escrocs », insiste Fathi. Faire appel à un professionnel ayant pignon sur rue est la meilleur des solutions. Encore faut-il que celui-ci réponde aux exigences de sa clientèle.

Une profession en pleine croissance

Avec l’arrivée de nouveaux investisseurs européens et la concurrence accrue des agences immobilières étrangères, la profession en Tunisie s’organise : création d’une chambre professionnelle, accréditation...Une corporation tunisienne qui prend conscience du changement a opéré : « Century 21 arrive sur le marché, des dizaines d’agences européennes s’installent à Tunis ou à Djerba. Nous devons agir et répondre parfaitement à la demande de nos clients. Sinon nous allons nous faire croquer », prévient Hatem, agent immobilier sur Monastir. Une menace qui n’inquiète pas les promoteurs immobiliers : « Si vous achetez un appartement neuf, il est préférable de passer directement par le promoteur. Vous ne payez aucune commission, et vous pouvez en plus négocier le prix d’achat », conseille Kameleddine Landoulsi, promoteur immobilier en Tunisie. En attendant, l’agent immobilier reste un acteur majeur de la pierre, et sa montée en puissance est la preuve que le marché tunisien devient mature.

Chaker Nouri

2 commentaires:

  1. je vous parle en tant qu'agent immobilier, je vous confirme que plusieures promoteurs immobilier se sont confis la vente de leurs appartement neuf a des agents immobilier meme monsieur Kamel Landoulsi, merci pour votre article . A+

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