mardi 17 mars 2009

Des « Fonds garantis »... pour les banques


Les salles de marchés s’activent régulièrement afin de proposer à leurs distributeurs, les banques et les assureurs, des produits financiers attractifs et faciles à commercialiser auprès de leur clientèle. Parmi ces innombrables offres, il y a un produit que les banques aiment plus que tout commercialiser et ils n’hésitent d’ailleurs pas à en abuser en le proposant plusieurs fois dans l’année sous différentes appellations. Ce sont les fonds de garantie

C’est un placement sûr à moyen et long terme (entre 4 ans et 8 ans), il peut être souscrit dans une enveloppe fiscale comme un Plan Epargne en Action ou une Assurance Vie. La particularité de ce placement, c’est qu’il permet d’investir en Bourse sans perdre son capital investi en cas de chute boursière.
Concrètement, vous investissez un capital qui est indexé sur un indice comme le CAC 40 ou sur un panier d’actions. Si à l’échéance du contrat, l’indice ou le panier est supérieur à celui de départ, vous bénéficiez d’une rémunération. Dans le cas contraire vous récupérez votre capital. En clair, vous gagnez à tous les coups, au grattage et même au tirage. Mais qu’en est-il réellement ?
Toutes les banques de la Place de Paris sont friands de ces produits – c’est « Doublo » à la Caisse d’Épargne, « Bénéfic » à la Banque Postale, « Pimento 5 » à LCL –, et lorsqu’ on regarde de plus prés on comprend pourquoi. D’abord, des frais en tous genres sont ponctionnés, que se partagent la banque et la société de gestion : frais d’entrée, frais de gestion, pénalités de sorties en cas d’arrêt du contrat avant l’échéance.
« En 2000, la bourse était en chute libre, j’avais un peu d’économie, je voulais un placement sans risque, nous dit Alfred, 30 ans, infirmier à Argenteuil. Mon conseiller m’a convaincu d’aller sur un nouveau produit, qui alliait la performance boursière et la garantie du capital, c’était alléchant. Malgré les frais d’entrée de 4 %, des frais de gestion de 0.90 %, mon banquier m’a démontré qu’a l’échéance des 8 ans, je serai gagnant. »
Mais finalement, Alfred a déchanté en 2008 : « J’ai reçu un courrier de ma banque, m’annonçant que malgré la contre-performance, je récupère mon capital net investi, me propose dans le même courrier de repartir sur un autre placement. J’ai été fissa récupérer mon argent et je l’ai placé sur mon livret A. »
L’autre problématique de ce produit ce sont les pénalités de sortie. En effet si vous souhaitez sortir de ce placement avant l’échéance, la banque vous prélève une pénalité de 4%, c’est ce qui est arrivé à Mamadou, 40 ans, agent d’entretien : « J’avais placé 20 000 euros sur un placement garanti sur une durée de 4 ans. Malheureusement j’avais besoin de cet argent au bout de deux ans, suite à un accident de la vie. J’ai récupéré moins que mon investissement puisqu’il y avait des pénalités de sortie, ce qu’a omis de me dire mon banquier au départ. »
C’est vers la fin des années 90 que les banques ont commencé à commercialiser ce type de produits. Le constat est terrible pour les particuliers aujourd’hui, puisque la plupart de ces fonds ont fait des performances inexistantes ou faibles. Mais pour les banques c’est tout bénef ! Frais multiples et élevés, client fidélisé pour au moins 8 ans, produit facile à commercialiser et faible rémunération versé à l’épargnant. La crise financière a mis en lumière les excès des salles de marchés et des sociétés de gestion, en créant à tout va des produits financiers pour plus de performance et de commissions. Les placements garantis en font partie.
Si vous souhaitez réellement investir en Bourse sans prendre de risque, il vaut mieux investir sur une SICAV action en mettant en place des versements mensuels, que de privilégier des formules qui ne répondent à aucune logique financière.

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