jeudi 30 avril 2009

Comment éviter le surendettement ?

Malgré les nouvelles dispositions légales, qui ne sont pas si nouvelles, les banques et les distributeurs continuent de pousser au surendettement, en particulier via les crédits révolving. Chaker donne ici quelques trucs pour s’en sortir.

Dans cadre de la transposition d’une directive européenne de 2008 encadrant les prêts à la consommation, Christine Lagarde, Ministre de l’Economie, a récemment présenté son projet de loi sur les crédits. Selon Que Choisir, « ces nouvelles mesures ne s’attaquent pas au véritable mal que ce sont les crédits revolving, ils reprennent des dispositions déjà en vigueur ».

Dans notre article du 5 décembre 2008, nous avons rappelé les conséquences dramatiques pour les ménages, en particulier dans les quartiers populaires, de l’abus des crédits revolving et de leur commercialisation à outrance par les distributeurs et les banques, à des taux qui se atteignent parfois les 20 %, trois supérieurs à celui de l’usure.

En 2008, 17 millions d’euros de revolving ont été souscrits alors que les prêts classiques n’ont représentés que 11 millions d’euros. Il semble donc nécessaire d’imposer des règles aux acteurs du marché afin qu’ils n’abusent plus de la crédulité des clients, mais il faut aussi que ces derniers s’imposent des principes simples afin d’éviter d’entrer dans le mal-endettement ou pire, le surendettement.

Avant tout, ne pas succomber au crédit revolving. Lorsqu’elles le proposent, les banques (et les distributeurs) ont tendance à être moins regardantes sur l’endettement du client, car la marge est extraordinaire. Par exemple, lors de l’achat d’une télévision plasma ou d’une cuisinière, les grandes surfaces proposent systématiquement avec le produit un crédit revolving, en arguant que cela vous facilitera l’achat de ce bien. En réalite, vous faites une très mauvaise opération : premièrement vous achèterez le bien à un prix plus élevé que celui de départ, compte tenu des intérêts de remboursement et deuxièmement, vous partez pour une durée sans fin. Dans ce cas là, il vaut mieux privilégier un prêt personnel auprès de votre banque qui selon meilleurtaux.com sont aux alentours de 6.80%, voir moins si vous faites jouer la concurrence.

Dans le cas où vous avez déjà succombé au crédit revolving, et vous vous retrouvez avec des échéances au-delà de votre endettement, qui selon la loi ne doit pas excéder 33% de vos revenus, faites racheter vos revolving par une banque, cela vous permettra de réduire fortement vos mensualités et surtout votre taux d’intérêt. Si votre banque refuse, n’hésitez pas à faire jouer la concurrence, certes si un autre établissement accepte le rachat, vous devrez sans aucun doute changer d’agence bancaire, mais vaut mieux des tracasseries administratives que persister à rembourser des mensualités exorbitantes.

Mais avant toute souscription d’un crédit à la consommation, sachez que vous avez un délai de réflexion, qui va passer à 14 jours dans le nouveau projet au lieu de 7 jours actuellement. Ne jamais signer hâtivement et surtout pas sous la pression d’un vendeur Hi Fi qui, grâce à vous, touchera une commission sur la plasma vendu et sur le crédit revolving associé à cette vente.

Enfin, essayez tant que faire se peut de privilégier l’effort d’épargne, et d’acheter le produit avec la trésorerie que vous vous êtes constitué sur un placement de trésorerie, type Livret A, car lors d’un prêt pour l’achat d’un bien de consommation, vous n’avez jamais de retour sur investissement à la différence d’un prêt immobilier.

Le législateur pourra essayer d’encadrer la commercialisation des crédits à la consommation, mais rien ne pourra empêcher un commercial d’une banque ou d’une grande surface de faire pression sur le client pour qu’il souscrive rapidement à un revolving, car il est tenu par des objectifs commerciaux et souvent sa rémunération en dépend, c’est donc le système qui est vicieux.

Malheureusement, ce sont souvent les ménages résidants dans les quartiers difficiles qui sont victimes de ces abus, car on succombe plus facilement aux crédits lorsqu’on est dans une situation précaire. Aujourd’hui, l’ouvrier qui réside dans les immeubles vétustes d’Outreau et l’agent d’entretien qui habite dans la cité des 4000 de la Courneuve peuvent à la fois avec une carte de crédit revolving acheter une wii pour les enfants, une machine à laver et même faire leurs courses alimentaires.

lundi 13 avril 2009

Le contrat en alternance, l'espoir des jeunes englués dans la crise


Plutôt que la fac qui débouche sur du vent dans bien des cas, les jeunes en situation précaire misent sur les BTS. Mais attention au mirage !

Les derniers chiffres du chômage sont catastrophiques : 80 000 demandeurs d'emplois de plus pour le seul mois de février. Et lorsqu'on examine les chiffres, on note que ce sont les moins de 25 ans qui sont les plus touchés. L'heure est grave.



En période de crise, les jeunes sont particulièrement touchés par la précarité, voire la pauvreté. Le phénomène n'est pas nouveau, mais on arrive à une situation jamais atteinte auparavant : 20 % des jeunes sont sous le seuil de précarité, le taux de chômage des jeunes est le plus élevé d'Europe, beaucoup de départs en retraite et moins de jeunes pour remplacer ces départs.

Les pistes envisagées pour endiguer ce fléau sont nombreuses, cela va de la transformation des stocks options en job actions - comme le préconise Martin Hirsch, Haut Commissaire, chargé de plancher sur des solutions pour combattre la précarité des jeunes - à la reprise d'anciennes recettes, comme les études en alternance. Le gouvernement va d'ailleurs mettre en place un programme de 1,5 milliard d'euros pour financer 100 000 formations professionnelles en alternance.

En écho à ce projet gouvernemental, s'est tenu les 27 et 28 mars à la Cité de la Villette, le salon de l'alternance pour les étudiants de Bac à Bac + 5. Toutes les grandes écoles ainsi qu'un certains nombres d'entreprises étaient présentes afin d'attirer les jeunes à la recherche d'un cursus scolaire en alternance. Ces derniers sont venues en masse, pour beaucoup d'entre eux, le lieu est l'endroit rêvé pour trouver une formation qui allie la théorie et la pratique, afin d'intégrer au mieux le marché du travail, comme Frédéric, jeune Bondynois de 23 ans, actuellement en troisième année de licence.

« Depuis mon bac, dit-il, je ne fais que de la théorie, mais cela n'est pas suffisant pour intégrer le marché de l'emploi, c'est pourquoi après ma licence, je souhaite faire une année de spécialisation en alternance. » Pascale, jeune Parisienne de 19 ans : « Je suis en première année de licence et je m'ennuie vraiment à l'université, c'est pourquoi à l'issue de cette année, je vais intégrer un BTS comptabilité en alternance ; j'aurai un pied dans le monde du travail et cela me permettra d'acquérir une expérience professionnelle adéquate. »

Les études en alternance ne permettent pas seulement d'acquérir expérience, elles offrent aussi une rémunération tout au long du cursus : « Actuellement, raconte un étudiant de Normandie, je suis en deuxième année de BTS informatique de gestion ; seulement, j'habite à Caen et mon école est à Paris. Le contrat en alternance me permettra de toucher un pécule tous les mois afin de pouvoir m'installer en région parisienne. Et un BTS en alternance m'aidera à disposer des armes suffisantes pour ne pas rester trop longtemps sur le carreau. »

De grands espoirs se lisent sur les visages des jeunes rencontrés dans ce salon, mais attention au retour de bâton : 40% des étudiants inscrits dans un cursus en alternance sont ensuite en échec scolaire, et 30% des contrats en alternance sont rompus dans les trois mois. Affaire à suivre, donc.

M. Besson, vous prendrez bien un peu de poulet au KFC !


Africains sans papiers, ils sont confinés aux basses oeuvres. Craignant d'être licenciés, ils sont en grève pour obtenir leur régularisation. Reportage à Châtelet.

Le poulet du KFC de Châtelet, à Paris, a un goût un amer pour un certain nombre de ses salariés, en grève depuis le 23 mars. Au même titre que ceux de Continental où de Caterpillar, ils ont décidé de croiser le fer avec leur direction afin de sauver leurs emplois. Non pas parce que le leader de la restauration rapide de recettes à base de poulet va déposer le bilan, mais parce qu'ils sont sans papiers, et à ce titre, ils risquent de se faire licencier d'un moment à l'autre.



Ces salariés silencieux jusqu'alors, sont pour la plupart confinés aux basses œuvres. Ils sont commis de cuisine, agent de nettoyage, travaillent dans des conditions exécrables ; ils sont en poste dés l'aube et ne rechignent jamais à la tâche. Ils viennent du Sénégal, du Mali, de Mauritanie, sont arrivés en France il y a plus de dix ans à bord de bateaux vétustes au péril de leur vie, avec femme et enfant.

Aujourd'hui, ils sortent de l'anonymat, synonyme d'un possible aller sans retour pour l'Afrique. Mamadou, âgé de 40 ans, originaire de Dakar, est l'un d'eux : « Cela fait sept ans que je suis en France, j'ai intégré le KFC il y a quelques années, j'ai toujours travaillé dans ce restaurant, reçu des fiches de salaires, j'ai toujours déclaré mes impôts, j'ai une carte de sécu, j'ai tous les papiers sauf le plus important, ma carte de séjour. »

C'est lorsque le directeur du restaurant des Halles a commencé à licencier un certain nombre de ses employés pour défaut de carte de séjour, que tous ont décidé d'être solidaires, persuadés que leur tour viendrait : « Quand on a appris qu'un de nos collègues risquait d'être licencié parce que sans papiers, c'est là qu'on a décidé de se mettre en grève avec le soutien de la CGT, explique Mamadou. Pour nous, la grève, c'est dur, car on n'est pas payés durant cet arrêt de travail, mais on combat pour être libres. »

Sur la rue piétonne qui passe devant le KFC des Halles, restaurant de la chaîne qui réalise le plus gros bénéfice de France, les sans papiers haranguent les passants, afin d'alerter l'opinion publique sur leur situation administrative et leur condition de travail. « Certes, nous travaillons huit heures par jour, pour huit euros de l'heure, dit Traoré, Malien de 30 ans, mais demain, si nous tombons malades, nous ne serons pas indemnisés, si nous sommes licenciés, nous n'aurons pas droit chômage, c'est quoi ça ? De l'exploitation ni plus ni moins. Nous ne prenons le travail de personne, nous faisons le job que personne ne veut faire, on a besoin de nous, il faut donc nous donner les papiers. »

Ces salariés en débrayage sont optimistes, persuadés qu'au final, ils obtiendront le fameux sésame, d'autant plus qu'il s'avère que la direction tolère ce mouvement de grève, tant que les grévistes ne gênent pas la bonne marche du restaurant. Il est évident que pour KFC, ce mouvement est un moyen indirect de faire pression sur les pouvoirs publics, afin qu'ils régularisent des salariés travailleurs et dociles, comme nous le confirme un salarié, avec des papiers, celui-ci : « Franchement, les Africains, ils bossent bien, on n'a jamais de problème avec eux, ils sont à l'heure, jamais ils ne se plaignent, c'est le rêve pour un patron ; pour le KFC, c'est retour sur investissements direct, c'est pour cela que je pense qu'au fond d'elle-même, la direction serait heureuse qu'ils soient tous régularisés. »

En ces temps de crise où des salariés séquestrent des patrons, bloquent le taxi de leur boss, jettent des œufs sur leurs cadres dirigeants, l'Africain du KFC, lui, est « gentil ». Monsieur Eric Besson, allez, un petit effort, ils feront sans aucun de bons Français.

Salon de l’immobilier : les banques veulent y croire mais bloquent les crédits


Pour les banquiers, c'est le moment d'acheter. Ils l'ont dit et redit à Chaker, qui a fait un tour la semaine dernière au Salon national de l'Immobilier. Il a pourtant croisé nombre de clients qui ne parviennent pas à obtenir de crédit ou une baisse des taux. Reportage.

Dans un contexte de baisse de taux et des prix de l'immobilier, en particulier dans l'ancien, le Salon National de l'Immobilier s'est réuni à Porte de Versailles, du 19 au 22 mars 2009. Tous les acteurs du secteur étaient présents, banques, courtier, promoteurs. C'est l'endroit idéal, pour démontrer que, malgré la crise et le manque de liquidités supposé du marché, les financiers sont toujours présents pour accompagner les personnes souhaitant investir dans l'immobilier à titre privée où comme un placement financier.



«La crise financière a du bon, car les taux sont très bas, nous dit un interlocuteur de la BNP. C'est le moment d'acheter ! De plus, on note une baisse du marché de l'immobilier, c'est vraiment le bon moment, surtout pour les primo accédants. Malgré ce qui est véhiculé dans les médias, les gens sont toujours intéressés par l'accession à la propriété ».

L'heure est donc à l'optimisme chez les banquiers, surtout quand on sait qu'un emprunt immobilier fidélise un client et toute sa famille pour 30 ans maximum, et même si la marge des banques est de plus en plus faible compte tenu de la concurrence accrue que se livrent les financiers et la baisse des taux, à terme ils seront bénéficiaires car on pourra toujours leur placer d'autres produits type assurance, carte de paiement et services en tous genres qui eux sont lucratifs.

Les banques ne sont pas les seules à sourire, les promoteurs aussi. «A chaque fois que j'ouvre les journaux, je ne vois que morosité, drame social, crise, nous confie un vendeur d'un promoteur immobilier. Mais moi qui suis tous les jours sur le terrain, mon carnet de commande ne désemplit pas. Je fais des réservations tous les jours, je n'arrête pas». Alors la crise du marché immobilier, foutaise où réalité ?

Jean Jacques, retraité corse et propriétaire d'un terrain à vendre, a passé 4 jours au Salon National de l'Immobilier, non pas pour aller la rencontre des professionnels mais plutôt des particuliers. Il s'est installé à l'entrée, avec une grosse pancarte, afin de vendre son terrain. «Les banques et les promoteurs sont des escrocs, pour moi ce salon c'est le moyen de vendre mon terrain sans passer par ces rapaces, qui se sucrent, nous dit il avec son accent corse. Mon terrain, c'est une super bonne affaire, je le vends avec un rabais de 50 000 euros. Une fois vendu, je me casse en Corse ».

Mamadou, employé de bureau, est du même avis que notre Corse. «Je suis actuellement à la Caisse d'Epargne. Il y a un an, j'ai dit à mon conseiller que je souhaitais acheter, il m'a dit qu'il financerait à 100%. J'ai enfin trouvé la maison de mes rêves, mais quand je me suis présenté à ma banque, voilà qu'il me demande 20% d'apport plus une caution solidaire. Franchement, j'ai rien compris, j'ai donc fait appel à d'autres banques, j'ai déposé mon dossier de prêt dans plusieurs agence. A ce jour j'ai que des réponses négatives ou pas de réponse du tout. Le plus grave c'est que j'ai signé une promesse de vente, je risque d'y laisser des plumes. Dans le salon, j'ai vu des banques. Toutes me disent pas de problème, on va vous rappeler. Mais j'y crois pas trop ».

Henri, cadre, a lui aussi rencontré des difficultés avec sa banque. « Compte tenu de la baisse des taux, j'ai sauté sur l'occasion pour négocier mon prêt immobilier que j'avais contracté auparavant à 6%, mais j'ai eu un refus catégorique de ma banque, je ne comprends pas, j'ai fait le tour des autres banques, même réponse. Mon cas n'est pas grave, mais j'ai un ami qui se trouve avec un prêt relais qui se termine dans un mois. Sa maison n'est toujours pas vendue, il a demandé une négociation à l'amiable avec sa banque, à ce jour aucune réponse ». Décidemment les banques et les particuliers ne vivent pas sur la même planète

Le flux croisé des retraités Français et Marocains


Le Salon de l'Immobilier offrait un raccourci saisissant. Germaine, retraitée parisienne, va vivre à Tanger. Rachid, lui, retraité marocain, délaisse sa villa au bled et cherche un pavillon en banlieue parisienne.

Au Salon National de l'Immobilier, qui s'est tenu Porte de Versailles du 19 au 22 mars et par ailleurs assez peu fréquenté, un stand n'a pas désempli : celui du Maroc. Les deux charmantes jeunes commerciales chargées de promouvoir l'achat d'un appartement ou d'une villa au Maroc n'arrêtent pas, pas le temps de prendre une pause. Il faut dire que le royaume de Mohammed VI a tout pour attirer les français en mal d'exotisme... et d'économie.



«Cela fait un an que je suis à la retraite, nous confie Yves, qui a déjà bien assimilé les avantages du Maroc. J'habite actuellement à Courbevoie, et je veux vendre mon appartement pour passer la fin de mes jours au soleil. Comme le sud de la France c'est cher, j'ai pensé au Maroc. C'est à 2 heures d'avion, et en plus, vu le cours de la monnaie marocaine, je suis gagnant. Sans oublier les avantages fiscaux : pas de taxe d'habitation pendant 5 ans, ni d'impôt sur le revenu pendant deux ans, possibilité de percevoir ma pension dans un compte bancaire marocain».

La plupart des personnes qui s'agglutinent autour du stand sont des retraités, à la recherche d'un peu de calme et de chaleur. «J'habite en plein Paris, dans le 20e où je suis née, nous dit Germaine. Mais depuis les années d'après-guerre, mon quartier a changé, je ne suis plus à l'aise. Les Marocains, eux, sont gentils et serviables, j'y vais souvent pour de courts séjours. Ils ont toujours un sourire, une amabilité ! Je suis tombée amoureuse de ce pays. J'ai réservé un bien immobilier à Tanger. Le promoteur m'a rassuré, le quartier sera fermé, gardé matin et soir, on pourra se rendre en ville grâce un service de transport spécial pour notre quartier. Je ne serai pas trop dépaysée, mes voisins sont francophones, et le plus agréable, c'est qu'on aura un jardinier, une coiffeuse, pour nous uniquement. Vous imaginez, le soleil, des gens à votre service, les pieds dans l'eau, ça va me changer de mon 20e arrondissement ! »

Des retraités qui quittent notre douce France pour le pays du tajine, d'accord. Mais les Marocains résidants en France, ils sont où ? En fait, pas très loin. Rachid, 60 ans, originaire d'Oujda, flâne autour des stands voisins. «Je suis propriétaire au Maroc, dit-il, j'ai une super belle villa. On est pas intéressé par les programmes proposés par le stand marocain, car ils vendent des biens loin de la ville. En plus, moi, aujourd'hui, je suis venu au salon car je cherche une maison en banlieue parisienne. Ma vie est ici ! La villa au Maroc, c'est juste pour quelques jours de vacances. Mes enfants sont ici, je ne me vois pas retourner définitivement au Maroc ». Son épouse, Yasmina, abonde dans le sens de son mari : «On a quitté le Maroc dans les années 60, c'est pas pour y retourner définitivement. Notre vie est ici, on a plus vraiment d'attache affective au Maroc. Franchement je suis surprise de voir ces retraités français partir vivre là-bas. Je me demande comment ils vont faire».

Idée de business pour jeune entrepreneur désirant faire bientôt la une de notre fameuse rubrique CAC93 : créer une plateforme d'échange de biens immobiliers pour retraités français en quête de soleil et immigrés marocains ayant construit leur belle villa au bled mais n'ayant plus envie d'y retourner....

Livret A : tous les mauvais coups sont permis


Les Français se ruent par centaines de milliers sur cette épargne. Les banques usent parfois de moyens à la limite de la légalité pour conserver leurs clients.

Depuis le 1er janvier, toutes les banques de France et de Navarre peuvent enfin commercialiser le Livret A, jusqu'alors chasse gardée de la Banque Postale et de la Caisse d'Epargne. Ce placement de trésorerie, destinée au financement du logement social, est rémunéré à 2,5% en totale franchise d'impôt et de prélèvements sociaux. Plafonné à 15 300 euros, il offre plusieurs avantages : il est sûr, rentable et liquide.



Depuis le début de l'année, les Français se ruent pas centaines de milliers aux guichets des banques pour bénéficier de cette offre, et l'on note une forte augmentation de dépôt sur cette épargne : 19 milliards d'euros pour le seul mois de janvier, somme jamais atteinte depuis 1995. A ce jour, on ne compte pas moins de 46 millions de détenteurs avec un encours de 140 milliards d'euros.

Devant ces chiffres qui donnent le vertige, on comprend parfaitement pourquoi les banques qui sont en manque de liquidités, ont mis en place des actions commerciales agressives et à la limite de la légalité pour attirer les épargnants. Certains établissements offrent une bonification du taux d'intérêt sur le marché monétaire et un abondement sur le versement pour fidéliser le client, offre commerciale tout à fait légale ; d'autres, par contre, pour faire face à cette compétition féroce, abusent de l'innocence des clients et comme d'habitude ce sont les habitants des quartiers populaires, en règle générale les moins informés, qui sont victimes de ces violations du code bancaire : débit de manière autoritaire, souscription du Livret A sans consentement et sans signature...

Les témoignages de clients abusés sont légion. Nous avons rencontré René, un retraité de de Saint-Denis : « Début octobre 2008, mon banquier me contacte afin de me réserver un livret A, je lui rétorque que je possède déjà un livret à la Poste et donc que je ne suis pas intéressé par l'offre. Mais début janvier, je constate malgré tout sur mon relevé de compte qu'on a prélevé la somme de 15 euros afin d'alimenter un livret A, prélèvement auquel je n'ai jamais donné mon accord. »

D'autres épargnants se sont vus associer avec le livret une assurance qu'ils n'ont pas contractée. « Au mois de janvier de cette année, confie Inès, étudiante dans une école de commerce et résidente à Garges-lès-Gonesse, je me rends à banque pour obtenir un prêt étudiant. Mon conseiller m'explique qu'il serait préférable que j'ouvre un livret A, pour que sa hiérarchie donne son accord au prêt. J'accepte car j'ai besoin de ce prêt. Mais quelques semaines après, je vois qu'on a bien prélevé 100 euros pour l'ouverture du livret A, mais en plus, qu'on m'a ponctionné 36 euros avec comme libellé « assurance », assurance à la quelle je n'ai jamais donné mon accord. »

Les banques nouvellement arrivées sur le marché du livret A, attirées par son fumet, ne sont pas les seules à agir de la sorte. La Banque Postale et la Caisse d'Epargne qui commercialisent ce placement depuis plusieurs décennies ne sont pas en reste. On peut le comprendre, elles craignent que leurs clients transfèrent leur livret A dans d'autres établissements bancaires, et là, dans certaines agences, on n'hésite pas à faire pression.

« A la Poste, il ne me reste qu'un Livret A, explique Suzanne, agent d'entretien de Villiers-le-Bel. Je souhaitais transférer ce livret dans ma banque pour des raisons de commodités. Je me présente au guichet afin de faire le nécessaire, et là on me dit que je dois prendre un rendez-vous. Je m'exécute, mais on ne peut me proposer un rendez-vous que dans 15 jours. J'accepte malgré tous. Lors de ma rencontre avec ma conseillère, celle-ci va essayer de me convaincre pendant près d'une heure de ne pas transférer mon Livret A de la Poste à mon autre banque, mais je reste ferme. Cela fait plus d'un mois que j'ai rencontré cette personne, et mon livret A n'est toujours pas transféré. »

Décidément, en ces temps de crise, les banques accordent une grande valeur à l'argent

Casablanca, l'Eldorado des entrepreneurs de banlieue


Yanis, 28 ans, de Mantes la Jolie, en avait assez de prendre chaque matin le RER pour Saint-Lazare. Il a pris un aller simple pour Casablanca. Là bas, pas de crise, 6% de croissance et ses affaires décollent. Il gère à distance le secrétariat de son ancien dentiste.

Alors que les grands de ce monde ont tenté à Londres de trouver des solutions pour endiguer la crise économique, il est un pays, pas très loin de chez nous, qui semble traverser cette tempête financière sans trop de roulis. A vrai dire, ce pays chanceux est plus connu pour ses tajines ou ses souks que pour ses performances économiques : c'est le Maroc.



Aujourd'hui, dans les avions à destination de Marrakech et de Casablanca, les touristes côtoient des hommes d'affaires et des investisseurs attirés par des conditions de développement très avantageuses.

Avec une évolution positive de tous les secteurs d'activités, hormis le textile, une industrie automobile et aéronautique (sous traitance des entreprises internationales) en pleine explosion et une croissance à 6%, le pays est devenu le rendez vous de businessmen du monde entier.

Parmis ces Bernard Tapie en puissance, on croise dans les halls des aéroports de Casa où de Rabat des « mecs de banlieue » qui ne sont pas là pour du business illicite de stupéfiants, mais pour monter des affaires commerciales légales et très lucratives !

Yanis, 28 ans, jeune homme originaire de Mantes la Jolie, titulaire d'un BTS commercial, fait partie des jeunes qui ont pris un aller simple pour Casablanca. « L'idée de partir au Maroc m'est venu lorsque j'ai vu un reportage TV sur un jeune belge d'origine marocaine, qui a quitté Bruxelles, pour développer là-bas une société immobilière. On le voyait se pavaner en Mercedes cabriolet dernier modèle, bronzé et lunettes de soleil sur le nez. Pendant que moi, je me saignais pour un salaire de smicard en étant vendeur chez SFR, en me tapant les transports et le stress quotidiens ».

Partir au Maroc, c'est simple, mais pour y faire quoi ? « Un jour en me rendant chez mon dentiste, j'ai remarqué que la secrétaire était partie et c'est lui qui devait s'occuper seul des taches administratives, qui répondait au téléphone en plus de soigner ses patients. En faisant un sondage rapide dans la région, j'ai découvert que la plupart des médecins étaient dans le même cas. J'avais entendu parler de sociétés off shore installées dans les pays émergents qui sous traitaient certaines activités de services. Je me suis dit que le Maroc c'était l'endroit idéal pour y installer une boite de services aux médecins ». En effet, depuis plusieurs années, le Royaume a compris que les sociétés off shore sont créatrices d'emplois et développe des Pôles de compétitivités dans toutes les grandes villes du pays et en particulier à Casablanca, qu'on appelle aussi la Casaearshore, capitale du business off shore. Aujourd'hui, ce poumon économique représente 60% du PIB.

Après avoir rédigé son business plan, notre « mec de banlieue » prend un aller simple pour le bled. « Cela fait plus d'un an que je suis à Casa. C'est vrai qu'au début cela a été dur de s'habituer aux habitudes des gens. Ici, lorsque tu donne rdv à 15h, il faut attendre la personne à 15h30. C'est un peu le système débrouille. Mais grâce à mon associé médecin qui a toujours vécu ici, je m'y suis fait et pour rien au monde je changerai la plage de Casa contre le trajet Mantes - Saint Lazare ».

Après une quinzaine de mois, sa société n'est pas encore bénéficiaire mais cela ne saurait tarder. « On a commencé avec deux postes, afin de faire les appels sortants et entrants, prise de rdv, taches administratives. Aujourd'hui, on a une dizaine d'employés, mon associé médecin s'occupe du management et moi je démarche les clients par téléphone. Je ne peux pas encore faire des allers retours Casa Paris, mais cela viendra. Comme ils disent ici : Casa n'attire jamais le malheur ! »