mardi 4 août 2009

Le Livret A, le compte bancaire des pauvres…


C’est historique ! Le taux du livret A est maintenant rémunéré à 1,25%, c’est du jamais vu depuis 1818.

Cette baisse va sans doute attrister les épargnants qui ont plafonné le livret A au maximum, c'est-à-dire 15 300 euros, d’ailleurs beaucoup parmi eux ont senti le vent tourner. En effet, depuis le mois de mai on constate un net ralentissement de la collecte et voir même une collecte négative (retraits supérieurs aux dépôts).

Mais d'autres détenteurs ne vont sans doute pas voir la différence : Ce sont les « sans comptes courants ». En règle général, ils sont Rmistes ou au chômage, intérimaires ou en CDD, et ont pour point commun d’avoir de faibles revenus, et d’être interdits bancaires. Selon l’intersyndicale du secteur financier public et semi-public, 35% des allocataires de minima sociaux disposent d’un livret A, la plupart sans diplômes et fréquemment d’origines extracommunautaires.

Le livret A est leur seul refuge, leur unique banque est la Banque Postale : plus de la moitié des 21 millions de clients ont un solde inférieur à 150 euros. Ce sont eux que l’on voit entre le 6 et le 10 de chaque mois par dizaine, faire la « queue » pendant près d’une heure voire plus, afin de retirer leurs prestations sociales (RMI, Assedic, CAF, etc.).

La plupart ne laissent qu’un euro sur leur livret, ils n’ont ni chéquier ni carte bancaire, juste une carte de retrait, pour payer leurs factures. Ils utilisent les mandats cash, car le livret ne permet pas d’effectuer des prélèvements, comme nous le confirme Didier, Rmiste de 35 ans.« J’ai le livret A, il ne me sert pas pour épargner, mais uniquement pour percevoir mon RMI. Comme je suis interdit bancaire, je n’ai pas pu ouvrir de compte. Alors le plus simple pour moi c’est le livret A, pour l’ouvrir c’est simple et rapide. En plus j’ai une carte de retrait, que j’utilise exclusivement dans les distributeurs de la Poste. Le plus embêtant c’est pour payer mon loyer, je suis obligé de faire un mandat cash à chaque fois, cela me coûte des frais mais bon, je n’ai pas le choix. »

En plus de ne pas permettre les prélèvements, le livret A a un autre inconvénient, comme le révèle Laurent, intérimaire de 25 ans : « Lorsque je me suis présenté à une Banque pour ouvrir un compte, le conseiller financier a refusé au motif que je n’avais pas de revenu régulier. Je me suis rabattu sur mon livret A, que mes parents m’avaient ouvert à ma naissance. Le problème c’est que je suis payé par chèque, je dois attendre quinze jours pour pouvoir utiliser mon argent : il y a une réserve d’encaissement. Je verse mon chèque de salaire le 1er du mois, je ne peux retirer l’argent que le 16, vous imaginez la galère ! »

Certes, ces exclus du milieu bancaire peuvent bénéficier du « Droit au compte », c’est-à-dire qu'en théorie une banque ne peut refuser l’ouverture d’un compte. Mais pour cela ils doivent faire intervenir la Banque de France. Seulement dans la pratique, beaucoup ne le font pas car ils ne sont pas informés de ce droit et se dirigent donc vers un établissement comme La Poste pour ouvrir un livret qui fera office de compte courant (obligation de service public).

Depuis le 1er janvier 2009, le Livret A est proposé par toutes les Banques, il semblerait que ces derniers continuent à exclure les personnes touchées par la précarité car pour toute ouverture d’un Livret A, elles imposent préalablement l’ouverture d’un compte courant sous condition.

N’oublions pas que les banques sont avant tout des entreprises commerciales, et comme tous commerces, elles doivent conquérir des parts de marché, accroitre leurs PNB, faire des bénéfices…elles considèrent à tort ou à raison, les clients touchés par la précarité comme une cible non rentable et susceptible de créer des incidents bancaires.

mardi 7 juillet 2009

Abdurrahaman : " J'ai pensé au suicide"


Tous les ans en France, 250 000 salariés sont victimes de harcèlement moral. Parfois certains d’entre eux se donnent la mort. Un ex-salarié du groupe PSA témoigne pour le BusinessBondyBlog.

Le verbe fort et la voix posée, Abdurrahaman ce trentenaire de la banlieue parisienne ne mâche pas ses mots contre son ex employeur « j’ai vécu un calvaire de plusieurs années. Peugeot m’a broyé psychologiquement et physiquement ». Pourtant lorsqu’il intègre le groupe automobile en 1999 tout se passe pour le mieux « heureux et épanoui, je m’investissais dans mon travail au quotidien, je n’hésitais pas à faire des heures supplémentaire, on me confiait des taches à haute valeur ajoutée. J’étais agent de maîtrise mais je bossais sur des projets confiés en théorie à des cadres. Ma hiérarchie était satisfaite de moi. »

Mais en 2005 la donne change et tout se gâte avec l’arrivée d’un nouveau manager « au début, je ne me suis pas de suite rendu compte que j’étais victime de harcèlement moral. Malgré des conflits réguliers avec mon nouveau manager, je ne donnais pas trop d’importance. Le point de départ de mon calvaire a commencé avec ma mise au placard durant un an. Du jour au lendemain, je suis passé d’une activité intense au néant complet, on m’a isolé, j’étais devenu un exclu du monde du travail » mise sur la touche, mais aussi brimades et humiliations en tous genres « ce nouveau manager ne me supportait pas, elle a eut des propos racistes et humiliants à mon encontre, elle m’harcelait en permanence, je n’en pouvais plus » sans que personne ne puisse arrêter cette descente en enfer « j’ai tenté en vain de prévenir ma hiérarchie, le délégué syndical, le médecin du travail, mais rien, personne ne pouvait où ne voulait agir, j’étais seul ».

Une destruction à petit feu qui a engendré des conséquences graves « quand vous êtes harcelés, vous mourrez à petit feu. J’ai pensé au suicide, c’est vrai. Mais je suis quelqu’un de battant et j'ai une force de caractère en moi. Mais ma famille n’a pas résisté à cette épreuve. Je comprends certains de mes collègues qui se sont suicidés. C’est dur de résister quand vous êtes détruits au quotidien ».

Aujourd’hui, Abdurraham n’est plus salarié de PSA, il a été licencié en 2008 « mon manager a gagné pour le moment. Mais je n’ai pas dit mon dernier mot, je me bats aujourd’hui pour réparer ce préjudice et alerter les pouvoirs publics sur le double langage des entreprises sur le harcèlement moral » même si il est assez pessimiste sur le devenir de son affaire d’un point de vue judiciaire « normalement la charge de la preuve incombe à l’employeur et non au salarié. Mais dans les faits, les prud’hommes réclament un certain nombre d’éléments : témoignages, courriers…etc. Il est parfois difficile d’apporter des preuves, quel employé témoignera contre son employeur ? mais je me battrai jusqu'au bout pour sauver mon honneur »

Tenue correcte exigée pour les PME des quartiers…..


Crise oblige, les banques rechignent à prêter aux PME. Ces derniers sont donc contraints de trouver d’autres sources de financement. Parmi ces solutions alternatives, il y a les contribuables assujettis à l’impôt sur la fortune. Mais difficile de faire partie des heureux élus…

Investir du cash dans une PME pour payer moins d’impôt. C’est en résumé l’une des dispositions de la loi TEPA votée en août 2007, en clair ce dispositif incite les contribuables assujettis à l’ISF d’investir dans certaines entreprises pour bénéficier d’une « carotte fiscale ». Grâce à ce nouveau dispositif législatif, le marché de l’investissement des particuliers dans le capital des entreprises a explosé. Aujourd’hui il atteint 1 milliards d’euros.

Hélas, on constate sur le terrain que toutes les PME ne profitent pas tous de cette manne financière. La Cause ? Ce sont les intermédiaires financiers qui font la pluie et le beau temps.

En effet, afin de faciliter l’investissement des particuliers vers les PME, les acteurs financiers créent et commercialisent des Fonds d’investissement ISF. Ces derniers regroupent des PME qui sont sélectionnées au préalable « nous recevons quotidiennement des dizaines de dossier explique un banquier de la place de Paris notre sélection se base sur des règles économique : business plan, Chiffre d’affaire, évolution futur….mais aussi sur des règles subjectifs » qui fleurettent avec la discrimination « lorsque j’ai en face de moi, une PME spécialisée dans le secteur de l’énergie renouvelable et située sur les cotes bretonnes et une autre spécialisée dans l’informatique et située à Sevran, je privilégie la première. Le fonds que je commercialise doit être le plus sexy possible, pour attirer le plus d’investisseurs. Le marché est très concurrentiel » Mais très lucratif pour les intermédiaires financiers.

Un Fonds Investissement ISF, c’est le Jack Pot : 5 % de droits d’entrée, clients patrimoniaux fidélisés pendant au moins dix ans. On comprend pourquoi les banques et autres sociétés financières se livrent une guerre sans merci pour vendre ces Fonds à destination d’une clientèle à la recherche d’une déduction fiscale « tous les ans quelques semaines avant la commercialisation de nos fonds ISF avoue Alain, conseiller privé d’une grande parisienne, on reçoit un listing regroupant tous nos clients assujettis à l’ISF, afin de proposer un rendez vous, pour éviter qu’ils souscrivent ailleurs, car la concurrence est rude ». Devant, cette course aux parts de marché, on oublie l’objectif initial de ce dispositif : relancer et aider les PME, et on discrimine en imposant une sélection accrue. Et comme d’habitude, ce sont toujours les mêmes qui sont lésés : les PME des quartiers.

Certains membres de la Nouvelle PME, s’étaient plaints d’une forme de discrimination lors de l’attribution des marchés publics. Il s’avère que malheureusement cette discrimination existe aussi dans l’accès aux financements.

jeudi 11 juin 2009

L’Emprunt EDF, une belle opportunité ?


Crise boursière, baisse des taux d’intérêts, les épargnants français ont la gueule de bois, et ne savent plus où placer leur bas de laine. Les banques elles-mêmes ne communiquent plus sur leurs placements financiers. Que faire donc ? EDF a peut être une solution…

EDF a besoin d’argent pour investir ! Habituellement, la société qui détient le monopole de l’électricité en France fait appel à son actionnaire principal, l’Etat, ou alors elle utilise tout simplement ses fonds propres. Aujourd’hui, elle opte pour l’épargne des particuliers par l’émission d’un emprunt. Ce mode de financement a la particularité de permettre aux épargnants de percevoir un coupon annuel, tout en garantissant le capital investi. En l’espèce, EDF offre un taux nominal de 4,5 % sur 5 ans, avec la récupération de l’investissement initial à l’échéance.

Ce sont les établissements financiers qui seront habilités à commercialiser ce produit, du 17 juin jusqu’au 10 juillet. Cette offre est contingentée, par conséquent si le quota est atteint avant la fin de la date prévue, la commercialisation s’arrête. Les premiers arrivés seront les premiers servis.

Dans ces conditions, il est indispensable que les petits épargnants des classes populaires se rendent rapidement auprés des banques afin de prendre rendez vous, voir de faire dés maintenant une réservation. Car ils risquent d'être dépassés par les clients fortunés souvent plus rapide dans ce genre d'opération.

Au regard de la conjoncture actuelle, un placement à moyen terme avec un taux garanti aussi élevé ne peut laisser indifférent les particuliers. En effet, aujourd’hui, sur le marché financier, aucune offre ne peut rivaliser, à part peut être l’assurance vie en fonds euros. Sauf que ce dernier a une échéance fiscale de 8 ans et que son taux est revu à la baisse ou la hausse annuellement.

Une offre alléchante ! Mais qui n’échappe pas à la fiscalité. Les coupons perçus tous les ans sont soumis au prélèvement forfaitaire libératoire de 18 % où à déclarer dans l’impôt sur le revenu, selon la situation fiscale de l’investisseur. L’épargnant peut céder ses parts avant l’échéance, avec le risque de faire une moins value et dans le cas d’une plus value, il sera soumis à la fiscalité des cessions des valeurs mobilières si la vente excède 25 000 euros.

Les spécialistes sont unanimes sur la qualité de cet emprunt. « Un emprunt sur une durée aussi courte, supérieur de 3 point au taux de la BCE, confie un conseiller en gestion de patrimoine indépendant, émis par une entreprise aussi solide qu’EDF, je le conseille à tous mes clients qui souhaitent investir sur une durée courte en toute sécurité. Le risque sur cet emprunt, c’est qu’EDF disparaisse avant l’échéance. Mais cette éventualité est invraisemblable, au regard de la solidité de ce groupe ».

La dernière entreprise qui a fait appel à l’argent des français, c’est Natixis. A l’époque, ce groupe proposait d’acheter des titres cotés en bourse. Depuis, la crise des subprimes est passée par là. Pour sa part, EDF émet un emprunt non exposé au marché action mais au marché obligataire, connu pour sa sécurité. Normalement, les épargnants qui feront confiance à cet emprunt, ne subiront pas la même mésaventure que ceux de la banque d’affaires

lundi 18 mai 2009

Le thé des cités entre chez les VIP


Mohamed, 27 ans, originaire de Nanterre, a été séduit, comme 150'000 autres Français, par le statut d'auto-entrepreneur. On peut le créer d'un simple clic et mettre un pied dans le monde de l'entreprenariat tout en conservant ses activités commerciales. Mais des idées comme la sienne, il n'y en a pas 150'000 autres...

Dans notre inconscient pollué par les clichés sur la banlieue, le seul commerce qui a droit de cité dans les halls d'immeubles des quartiers difficiles, c'est la vente de cannabis. Alors lorsqu'on entend parler de commerce licite dans ces lieux, nos préjugés en prennent un coup.



« A l'âge de 16 ans, sur l'initiative de mon oncle, j'ai décidé de proposer du thé aux jeunes de mon quartier, raconte Mohamed. Le but était de me faire de l'argent de poche et de créer du lien social. Je n'ai pas été gâté par la vie, en échec scolaire et familial, mais je n'avais pas envie de finir mal. Dés mon jeune âge, j'ai voulu m'en sortir et atteindre mon objectif, vendre du thé dans les halls d'immeubles. C'était mon bonheur de la journée. Depuis onze ans, je prépare tous soirs mes deux thermos et mes gobelets, et je descends dans le quartier ». Les épreuves de la vie ont endurci notre porteur de thé. « J'ai vécu des événements terribles dans ma jeunesse, mais cela ne m'as pas détruit. Mieux encore cela m'a donné de la gniaque et la volonté de réussir », nous dit il avec un large sourire.

Dynamique et jovial, il ne laisse personne indifférent : même Jacques Seguela a été séduit. « Je l'ai rencontré lors d'un reportage sur France 5, dit Mohamed. Il a tout de suite été séduit pas mon concept et mon parcours. J'avais confiance dans mon projet, mais le fait d'avoir convaincu un homme comme lui m'a donné encore plus d'énergie ». De la distribution de thé à ses potes dans le quartier, il se retrouve à servir du thé à des personnalités, lors de soirées privées dans les quartiers chics de Paris.

« Thé Man », c'est le surnom que lui ont donné ses premiers clients de la cité. Mohamed a donc appelé sa société «Thé Man Events » et il voit les choses en grand. Car de la simple vente de verres de thé, il passe à l'événementiel. « Le lien que je créais dans les quartiers, je veux le créer partout : soirées vip, lancement d'une marque de chaussure, soirée thématique, etc. Le thé peut s'introduire dans tous les événements ».

D'une activité artisanale, son concept est aujourd'hui une marque déposée, « pour protéger mes idées et mon activité. J'ai aussi opté pour un statut juridique, l'auto-entrepreneur. Ce nouveau statut est idéal pour moi, car l'événementiel est un secteur qui ne génère pas de chiffre d'affaire régulier. De plus, je suis exonéré de charges sociales et je n'ai pas besoin de salarié. Il me permet de développer ma boite sans contrainte financière ou administrative ».

Et même si son entreprise prend de l'envergure, « Thé Man » continue à distribuer du thé dans son quartier, pour le fameux lien social. Il a créé un logo, il compte commercialiser des T-shirts et d'autres produits avec cette marque, en particulier dans ce qu'on appelle le monde urbain. A n'en pas douter, « Thé Man Events », aujourd'hui entreprise auto-entrepreneur, sera une société anonyme dans quelques années ! Affaire à suivre, donc.

vendredi 15 mai 2009

Rachida Dati parle business et bébés à Bondy


Gros bras à l’entrée filtrant les invités, journalistes parisiens et suisses présents, hommes et femmes sur leur trente et un. Une cinquantaine d’entrepreneurs de banlieue attend avec impatience la star du jour. Habituellement, pour avoir une chance d’entre-apercevoir cette femme prestigieuse, il faut se rendre au ministère de la justice, Place Vendôme, ou à la mairie du 7e arrondissement de Paris. A défaut, se contenter des magazines politiques et people.

20h30, la nuit tombe sur Bondy, elle arrive enfin place de la République, sort de sa voiture accompagnée de ses bodyguards. Les journalistes et caméramans l’entourent aussitôt. De noir vêtue, affichant un large sourire, elle pénètre dans la brasserie Murat, où un dîner-débat l’attend. Elle marche d’un pas décidé, sûre de l’effet qu’elle produit, salue les personnes présentes. On lui indique sa table, la soirée peut commencer : Rachida Dati, Mesdames, Messieurs !

La diva ! Attention, nous sommes à Bondy, non à Cannes. Pas d’excès. Ambiance sérieuse, studieuse, même, avec en guise d’euphorisant, un doigt de vin pour ceux qui s’autorisent l’alcool. Ce soir, ce n’est pas la garde des sceaux qui vient, mais la candidate aux élections européennes, deuxième sur la liste UMP en Ile-de-France. Elle a répondu à l’invitation lancée conjointement par le Business Bondy Blog et La nouvelle pme, « réseau social dédié aux entrepreneurs issus des minorités ou des quartiers ». Les convives, qui ont chacun payé leur repas, sont là pour questionner Rachida Dati sur la problématique de « l’entreprise dans l’Europe » et plus précisément sur celle des « PME issues de la diversité ».

L’atmosphère est conviviale et sympathique, mais cette décontraction n’empêche l’apparition de tensions, à propos de la finance islamique notamment, thème cher à quelques-uns des participants. « Je suis contre le communautarisme, répond-elle. La finance islamique, si elle se conforme à la législation, pourquoi pas ? C’est avant tout un mode de financement, avant d’être une solution pour une communauté particulière. »

Debout telle une prima donna, elle fait face à l’adversité, mais elle est aussi très à l’aise dès lors qu’on touche à des sujets plus personnels, voire intimes. A une chef d’entreprise, enceinte et ça se voit, elle dit sans hésiter : « C’est pour quand votre bébé ? Vous verrez, c’est un bonheur immense, un bébé. »

A l’occasion de cette soirée, elle fait une confidence : elle est favorable aux statistiques ethniques, contrairement à son mentor Nicolas et sa « copine » Fadela : « Les statistiques, c’est un outil de mesure pour identifier les discriminations, donc je suis pour dans ce sens-là. » Politicienne, elle lance une pique en direction de Benoît Hamon* et Harlem Désir, députés socialistes européens qui se représentent et qui n’ont pris, les vilains, « que deux fois la parole dans cette enceinte » en cinq ans de législature.

Une heure de débat. Une sortie aussi mouvementée que son arrivée. Mais elle ne pouvait décemment pas quitter cette soirée sans poser pour une belle photo avec la jeune femme enceinte.

Chaker Nouri

*Benoît Hamon sera le prochain invité de La nouvelle pme et du Business Bondy Blog, le 26 mai à Nanterre.

mardi 12 mai 2009

Manuel, entrepreneur acclamé de partout, n'a pas trouvé de financement



Créer sa propre entreprise est une aventure qui aboutit parfois à une succès story mais, le plus souvent, à en croire les statistiques, à un échec. Alors qu'est ce qui peut bien pousser un jeune des quartiers comme Manuel, salarié et de surcroît fonctionnaire, à faire un pari aussi osé que celui de la création d'entreprise ? Lauréat du concours Talents des cités, il n'a pas trouvé de financement!

Manuel Mangata, 33 ans, originaire de la Seine-Saint-Denis, a choisi de prendre le risque d'être son propre patron. « Après mon Bac F1, j'avais comme ambition d'être prof de gym, mais pour faire de longues études, il faut de l'argent. C'est donc après ma deuxième année de Deug que j'ai arrêté mes études. J'ai alors intégré la Mairie de Neuilly-sur-Marne pour être animateur jeunesse. En parallèle, j'ai passé un certain nombre de diplômes dans l'animation ».



Devenu fonctionnaire d'une collectivité locale, notre entrepreneur en herbe se sent très vite à l'étroit dans ses nouveaux habits. « J'avais la bougeotte, j'ai toujours été quelqu'un d'ambitieux. J'ai créé une association de foot en salle. D'ailleurs, un joueur de Rennes et de Guingamp sont passés par cette structure ». Mais cela ne lui suffit pas. « Le fait de côtoyer l'animation m'a permis de découvrir une niche. En effet, j'avais vu que dans la plupart des quartiers il n'y avait pas de lieu consacré aux gamins et aux adultes de 3 ans à 99 ans, un lieu pour se réunir, boire un café ou un jus, fêter son anniversaire, jouer, un lieu convivial et bon enfant ». Il sauta donc le pas.

En 2006, en compagnie d'un ami et avec l'aide d'une boutique de gestion et de la chambre de commerce de Bobigny, il fait son business plan et présente son projet au concours Talents des cités.

Les choses démarrent plutôt bien, puisqu'il sera le lauréat national 2007. La société SFR devient le partenaire et sponsorise la nouvelle start up à hauteur de 7000 euros. « Au début, tout allait bien, réceptions vip, invitations en tous genres, emballement médiatique». Puis cela se gâte. « On voyait les choses en grand, on avait besoin d'un financement de 150 000 euros. Sûrs de nous, car nous avions gagné le concours. Toutes les structures publiques ont validé notre dossier. On ne pensait pas avoir de mal à trouver un financement, mais on a été vite déçu car les banques et les business angels nous ont fait tourner en rond pour rien ». Certaines mairies ont vu d'un très mauvais œil cette concurrence aux centres de loisirs publics. « A chaque fois qu'on tentait de louer un local, la Mairie de la ville concernée nous mettait des bâtons dans les roues. J'ai même demandé l'intervention du Préfet et de Fadela Amara, en vain ».

Devant toutes ces péripéties, Manuel a failli renoncer. « Courant 2008, j'en avais marre de me battre, surtout que mon associé a jeté l'éponge entre temps. Je me suis remis en question, j'ai revu mon budget de financement à la baisse, soit 30 000 euros. Malgré cette réduction, les banques refusaient toujours de prêter, estimant que mon projet était trop novateur. J'avais aussi renoncé à m'installer dans des grandes villes. J'ai donc cherché un local dans la ville de Courtry, 8000 habitants, et j'ai signé un bail précaire de deux ans ». Avec le risque que tous s'arrête car ce bail peut être arrêté unilatéralement par le propriétaire à l'issue de la deuxième année, sans indemnisation.

Aujourd'hui, le Café des Jeux est ouvert et reçoit du public. Manuel n'a toujours pas trouvé de financement, il a fait les travaux lui-même, il a embauché une personne en Contrat d'Iniative Emploi. Son chiffre d'affaires couvre ses charges mais ne lui dégage aucun salaire.
Il vit grâce à son salaire d'animateur, qu'il exerce toujours dans une Mairie.

Beaucoup, à sa place, auraient déjà renoncé. Mais Manuel continue de croire en son projet. Alors si vous passez par Courtry, faites un détour chez lui, vous ne serez pas déçus

jeudi 30 avril 2009

Comment éviter le surendettement ?

Malgré les nouvelles dispositions légales, qui ne sont pas si nouvelles, les banques et les distributeurs continuent de pousser au surendettement, en particulier via les crédits révolving. Chaker donne ici quelques trucs pour s’en sortir.

Dans cadre de la transposition d’une directive européenne de 2008 encadrant les prêts à la consommation, Christine Lagarde, Ministre de l’Economie, a récemment présenté son projet de loi sur les crédits. Selon Que Choisir, « ces nouvelles mesures ne s’attaquent pas au véritable mal que ce sont les crédits revolving, ils reprennent des dispositions déjà en vigueur ».

Dans notre article du 5 décembre 2008, nous avons rappelé les conséquences dramatiques pour les ménages, en particulier dans les quartiers populaires, de l’abus des crédits revolving et de leur commercialisation à outrance par les distributeurs et les banques, à des taux qui se atteignent parfois les 20 %, trois supérieurs à celui de l’usure.

En 2008, 17 millions d’euros de revolving ont été souscrits alors que les prêts classiques n’ont représentés que 11 millions d’euros. Il semble donc nécessaire d’imposer des règles aux acteurs du marché afin qu’ils n’abusent plus de la crédulité des clients, mais il faut aussi que ces derniers s’imposent des principes simples afin d’éviter d’entrer dans le mal-endettement ou pire, le surendettement.

Avant tout, ne pas succomber au crédit revolving. Lorsqu’elles le proposent, les banques (et les distributeurs) ont tendance à être moins regardantes sur l’endettement du client, car la marge est extraordinaire. Par exemple, lors de l’achat d’une télévision plasma ou d’une cuisinière, les grandes surfaces proposent systématiquement avec le produit un crédit revolving, en arguant que cela vous facilitera l’achat de ce bien. En réalite, vous faites une très mauvaise opération : premièrement vous achèterez le bien à un prix plus élevé que celui de départ, compte tenu des intérêts de remboursement et deuxièmement, vous partez pour une durée sans fin. Dans ce cas là, il vaut mieux privilégier un prêt personnel auprès de votre banque qui selon meilleurtaux.com sont aux alentours de 6.80%, voir moins si vous faites jouer la concurrence.

Dans le cas où vous avez déjà succombé au crédit revolving, et vous vous retrouvez avec des échéances au-delà de votre endettement, qui selon la loi ne doit pas excéder 33% de vos revenus, faites racheter vos revolving par une banque, cela vous permettra de réduire fortement vos mensualités et surtout votre taux d’intérêt. Si votre banque refuse, n’hésitez pas à faire jouer la concurrence, certes si un autre établissement accepte le rachat, vous devrez sans aucun doute changer d’agence bancaire, mais vaut mieux des tracasseries administratives que persister à rembourser des mensualités exorbitantes.

Mais avant toute souscription d’un crédit à la consommation, sachez que vous avez un délai de réflexion, qui va passer à 14 jours dans le nouveau projet au lieu de 7 jours actuellement. Ne jamais signer hâtivement et surtout pas sous la pression d’un vendeur Hi Fi qui, grâce à vous, touchera une commission sur la plasma vendu et sur le crédit revolving associé à cette vente.

Enfin, essayez tant que faire se peut de privilégier l’effort d’épargne, et d’acheter le produit avec la trésorerie que vous vous êtes constitué sur un placement de trésorerie, type Livret A, car lors d’un prêt pour l’achat d’un bien de consommation, vous n’avez jamais de retour sur investissement à la différence d’un prêt immobilier.

Le législateur pourra essayer d’encadrer la commercialisation des crédits à la consommation, mais rien ne pourra empêcher un commercial d’une banque ou d’une grande surface de faire pression sur le client pour qu’il souscrive rapidement à un revolving, car il est tenu par des objectifs commerciaux et souvent sa rémunération en dépend, c’est donc le système qui est vicieux.

Malheureusement, ce sont souvent les ménages résidants dans les quartiers difficiles qui sont victimes de ces abus, car on succombe plus facilement aux crédits lorsqu’on est dans une situation précaire. Aujourd’hui, l’ouvrier qui réside dans les immeubles vétustes d’Outreau et l’agent d’entretien qui habite dans la cité des 4000 de la Courneuve peuvent à la fois avec une carte de crédit revolving acheter une wii pour les enfants, une machine à laver et même faire leurs courses alimentaires.

lundi 13 avril 2009

Le contrat en alternance, l'espoir des jeunes englués dans la crise


Plutôt que la fac qui débouche sur du vent dans bien des cas, les jeunes en situation précaire misent sur les BTS. Mais attention au mirage !

Les derniers chiffres du chômage sont catastrophiques : 80 000 demandeurs d'emplois de plus pour le seul mois de février. Et lorsqu'on examine les chiffres, on note que ce sont les moins de 25 ans qui sont les plus touchés. L'heure est grave.



En période de crise, les jeunes sont particulièrement touchés par la précarité, voire la pauvreté. Le phénomène n'est pas nouveau, mais on arrive à une situation jamais atteinte auparavant : 20 % des jeunes sont sous le seuil de précarité, le taux de chômage des jeunes est le plus élevé d'Europe, beaucoup de départs en retraite et moins de jeunes pour remplacer ces départs.

Les pistes envisagées pour endiguer ce fléau sont nombreuses, cela va de la transformation des stocks options en job actions - comme le préconise Martin Hirsch, Haut Commissaire, chargé de plancher sur des solutions pour combattre la précarité des jeunes - à la reprise d'anciennes recettes, comme les études en alternance. Le gouvernement va d'ailleurs mettre en place un programme de 1,5 milliard d'euros pour financer 100 000 formations professionnelles en alternance.

En écho à ce projet gouvernemental, s'est tenu les 27 et 28 mars à la Cité de la Villette, le salon de l'alternance pour les étudiants de Bac à Bac + 5. Toutes les grandes écoles ainsi qu'un certains nombres d'entreprises étaient présentes afin d'attirer les jeunes à la recherche d'un cursus scolaire en alternance. Ces derniers sont venues en masse, pour beaucoup d'entre eux, le lieu est l'endroit rêvé pour trouver une formation qui allie la théorie et la pratique, afin d'intégrer au mieux le marché du travail, comme Frédéric, jeune Bondynois de 23 ans, actuellement en troisième année de licence.

« Depuis mon bac, dit-il, je ne fais que de la théorie, mais cela n'est pas suffisant pour intégrer le marché de l'emploi, c'est pourquoi après ma licence, je souhaite faire une année de spécialisation en alternance. » Pascale, jeune Parisienne de 19 ans : « Je suis en première année de licence et je m'ennuie vraiment à l'université, c'est pourquoi à l'issue de cette année, je vais intégrer un BTS comptabilité en alternance ; j'aurai un pied dans le monde du travail et cela me permettra d'acquérir une expérience professionnelle adéquate. »

Les études en alternance ne permettent pas seulement d'acquérir expérience, elles offrent aussi une rémunération tout au long du cursus : « Actuellement, raconte un étudiant de Normandie, je suis en deuxième année de BTS informatique de gestion ; seulement, j'habite à Caen et mon école est à Paris. Le contrat en alternance me permettra de toucher un pécule tous les mois afin de pouvoir m'installer en région parisienne. Et un BTS en alternance m'aidera à disposer des armes suffisantes pour ne pas rester trop longtemps sur le carreau. »

De grands espoirs se lisent sur les visages des jeunes rencontrés dans ce salon, mais attention au retour de bâton : 40% des étudiants inscrits dans un cursus en alternance sont ensuite en échec scolaire, et 30% des contrats en alternance sont rompus dans les trois mois. Affaire à suivre, donc.

M. Besson, vous prendrez bien un peu de poulet au KFC !


Africains sans papiers, ils sont confinés aux basses oeuvres. Craignant d'être licenciés, ils sont en grève pour obtenir leur régularisation. Reportage à Châtelet.

Le poulet du KFC de Châtelet, à Paris, a un goût un amer pour un certain nombre de ses salariés, en grève depuis le 23 mars. Au même titre que ceux de Continental où de Caterpillar, ils ont décidé de croiser le fer avec leur direction afin de sauver leurs emplois. Non pas parce que le leader de la restauration rapide de recettes à base de poulet va déposer le bilan, mais parce qu'ils sont sans papiers, et à ce titre, ils risquent de se faire licencier d'un moment à l'autre.



Ces salariés silencieux jusqu'alors, sont pour la plupart confinés aux basses œuvres. Ils sont commis de cuisine, agent de nettoyage, travaillent dans des conditions exécrables ; ils sont en poste dés l'aube et ne rechignent jamais à la tâche. Ils viennent du Sénégal, du Mali, de Mauritanie, sont arrivés en France il y a plus de dix ans à bord de bateaux vétustes au péril de leur vie, avec femme et enfant.

Aujourd'hui, ils sortent de l'anonymat, synonyme d'un possible aller sans retour pour l'Afrique. Mamadou, âgé de 40 ans, originaire de Dakar, est l'un d'eux : « Cela fait sept ans que je suis en France, j'ai intégré le KFC il y a quelques années, j'ai toujours travaillé dans ce restaurant, reçu des fiches de salaires, j'ai toujours déclaré mes impôts, j'ai une carte de sécu, j'ai tous les papiers sauf le plus important, ma carte de séjour. »

C'est lorsque le directeur du restaurant des Halles a commencé à licencier un certain nombre de ses employés pour défaut de carte de séjour, que tous ont décidé d'être solidaires, persuadés que leur tour viendrait : « Quand on a appris qu'un de nos collègues risquait d'être licencié parce que sans papiers, c'est là qu'on a décidé de se mettre en grève avec le soutien de la CGT, explique Mamadou. Pour nous, la grève, c'est dur, car on n'est pas payés durant cet arrêt de travail, mais on combat pour être libres. »

Sur la rue piétonne qui passe devant le KFC des Halles, restaurant de la chaîne qui réalise le plus gros bénéfice de France, les sans papiers haranguent les passants, afin d'alerter l'opinion publique sur leur situation administrative et leur condition de travail. « Certes, nous travaillons huit heures par jour, pour huit euros de l'heure, dit Traoré, Malien de 30 ans, mais demain, si nous tombons malades, nous ne serons pas indemnisés, si nous sommes licenciés, nous n'aurons pas droit chômage, c'est quoi ça ? De l'exploitation ni plus ni moins. Nous ne prenons le travail de personne, nous faisons le job que personne ne veut faire, on a besoin de nous, il faut donc nous donner les papiers. »

Ces salariés en débrayage sont optimistes, persuadés qu'au final, ils obtiendront le fameux sésame, d'autant plus qu'il s'avère que la direction tolère ce mouvement de grève, tant que les grévistes ne gênent pas la bonne marche du restaurant. Il est évident que pour KFC, ce mouvement est un moyen indirect de faire pression sur les pouvoirs publics, afin qu'ils régularisent des salariés travailleurs et dociles, comme nous le confirme un salarié, avec des papiers, celui-ci : « Franchement, les Africains, ils bossent bien, on n'a jamais de problème avec eux, ils sont à l'heure, jamais ils ne se plaignent, c'est le rêve pour un patron ; pour le KFC, c'est retour sur investissements direct, c'est pour cela que je pense qu'au fond d'elle-même, la direction serait heureuse qu'ils soient tous régularisés. »

En ces temps de crise où des salariés séquestrent des patrons, bloquent le taxi de leur boss, jettent des œufs sur leurs cadres dirigeants, l'Africain du KFC, lui, est « gentil ». Monsieur Eric Besson, allez, un petit effort, ils feront sans aucun de bons Français.

Salon de l’immobilier : les banques veulent y croire mais bloquent les crédits


Pour les banquiers, c'est le moment d'acheter. Ils l'ont dit et redit à Chaker, qui a fait un tour la semaine dernière au Salon national de l'Immobilier. Il a pourtant croisé nombre de clients qui ne parviennent pas à obtenir de crédit ou une baisse des taux. Reportage.

Dans un contexte de baisse de taux et des prix de l'immobilier, en particulier dans l'ancien, le Salon National de l'Immobilier s'est réuni à Porte de Versailles, du 19 au 22 mars 2009. Tous les acteurs du secteur étaient présents, banques, courtier, promoteurs. C'est l'endroit idéal, pour démontrer que, malgré la crise et le manque de liquidités supposé du marché, les financiers sont toujours présents pour accompagner les personnes souhaitant investir dans l'immobilier à titre privée où comme un placement financier.



«La crise financière a du bon, car les taux sont très bas, nous dit un interlocuteur de la BNP. C'est le moment d'acheter ! De plus, on note une baisse du marché de l'immobilier, c'est vraiment le bon moment, surtout pour les primo accédants. Malgré ce qui est véhiculé dans les médias, les gens sont toujours intéressés par l'accession à la propriété ».

L'heure est donc à l'optimisme chez les banquiers, surtout quand on sait qu'un emprunt immobilier fidélise un client et toute sa famille pour 30 ans maximum, et même si la marge des banques est de plus en plus faible compte tenu de la concurrence accrue que se livrent les financiers et la baisse des taux, à terme ils seront bénéficiaires car on pourra toujours leur placer d'autres produits type assurance, carte de paiement et services en tous genres qui eux sont lucratifs.

Les banques ne sont pas les seules à sourire, les promoteurs aussi. «A chaque fois que j'ouvre les journaux, je ne vois que morosité, drame social, crise, nous confie un vendeur d'un promoteur immobilier. Mais moi qui suis tous les jours sur le terrain, mon carnet de commande ne désemplit pas. Je fais des réservations tous les jours, je n'arrête pas». Alors la crise du marché immobilier, foutaise où réalité ?

Jean Jacques, retraité corse et propriétaire d'un terrain à vendre, a passé 4 jours au Salon National de l'Immobilier, non pas pour aller la rencontre des professionnels mais plutôt des particuliers. Il s'est installé à l'entrée, avec une grosse pancarte, afin de vendre son terrain. «Les banques et les promoteurs sont des escrocs, pour moi ce salon c'est le moyen de vendre mon terrain sans passer par ces rapaces, qui se sucrent, nous dit il avec son accent corse. Mon terrain, c'est une super bonne affaire, je le vends avec un rabais de 50 000 euros. Une fois vendu, je me casse en Corse ».

Mamadou, employé de bureau, est du même avis que notre Corse. «Je suis actuellement à la Caisse d'Epargne. Il y a un an, j'ai dit à mon conseiller que je souhaitais acheter, il m'a dit qu'il financerait à 100%. J'ai enfin trouvé la maison de mes rêves, mais quand je me suis présenté à ma banque, voilà qu'il me demande 20% d'apport plus une caution solidaire. Franchement, j'ai rien compris, j'ai donc fait appel à d'autres banques, j'ai déposé mon dossier de prêt dans plusieurs agence. A ce jour j'ai que des réponses négatives ou pas de réponse du tout. Le plus grave c'est que j'ai signé une promesse de vente, je risque d'y laisser des plumes. Dans le salon, j'ai vu des banques. Toutes me disent pas de problème, on va vous rappeler. Mais j'y crois pas trop ».

Henri, cadre, a lui aussi rencontré des difficultés avec sa banque. « Compte tenu de la baisse des taux, j'ai sauté sur l'occasion pour négocier mon prêt immobilier que j'avais contracté auparavant à 6%, mais j'ai eu un refus catégorique de ma banque, je ne comprends pas, j'ai fait le tour des autres banques, même réponse. Mon cas n'est pas grave, mais j'ai un ami qui se trouve avec un prêt relais qui se termine dans un mois. Sa maison n'est toujours pas vendue, il a demandé une négociation à l'amiable avec sa banque, à ce jour aucune réponse ». Décidemment les banques et les particuliers ne vivent pas sur la même planète

Le flux croisé des retraités Français et Marocains


Le Salon de l'Immobilier offrait un raccourci saisissant. Germaine, retraitée parisienne, va vivre à Tanger. Rachid, lui, retraité marocain, délaisse sa villa au bled et cherche un pavillon en banlieue parisienne.

Au Salon National de l'Immobilier, qui s'est tenu Porte de Versailles du 19 au 22 mars et par ailleurs assez peu fréquenté, un stand n'a pas désempli : celui du Maroc. Les deux charmantes jeunes commerciales chargées de promouvoir l'achat d'un appartement ou d'une villa au Maroc n'arrêtent pas, pas le temps de prendre une pause. Il faut dire que le royaume de Mohammed VI a tout pour attirer les français en mal d'exotisme... et d'économie.



«Cela fait un an que je suis à la retraite, nous confie Yves, qui a déjà bien assimilé les avantages du Maroc. J'habite actuellement à Courbevoie, et je veux vendre mon appartement pour passer la fin de mes jours au soleil. Comme le sud de la France c'est cher, j'ai pensé au Maroc. C'est à 2 heures d'avion, et en plus, vu le cours de la monnaie marocaine, je suis gagnant. Sans oublier les avantages fiscaux : pas de taxe d'habitation pendant 5 ans, ni d'impôt sur le revenu pendant deux ans, possibilité de percevoir ma pension dans un compte bancaire marocain».

La plupart des personnes qui s'agglutinent autour du stand sont des retraités, à la recherche d'un peu de calme et de chaleur. «J'habite en plein Paris, dans le 20e où je suis née, nous dit Germaine. Mais depuis les années d'après-guerre, mon quartier a changé, je ne suis plus à l'aise. Les Marocains, eux, sont gentils et serviables, j'y vais souvent pour de courts séjours. Ils ont toujours un sourire, une amabilité ! Je suis tombée amoureuse de ce pays. J'ai réservé un bien immobilier à Tanger. Le promoteur m'a rassuré, le quartier sera fermé, gardé matin et soir, on pourra se rendre en ville grâce un service de transport spécial pour notre quartier. Je ne serai pas trop dépaysée, mes voisins sont francophones, et le plus agréable, c'est qu'on aura un jardinier, une coiffeuse, pour nous uniquement. Vous imaginez, le soleil, des gens à votre service, les pieds dans l'eau, ça va me changer de mon 20e arrondissement ! »

Des retraités qui quittent notre douce France pour le pays du tajine, d'accord. Mais les Marocains résidants en France, ils sont où ? En fait, pas très loin. Rachid, 60 ans, originaire d'Oujda, flâne autour des stands voisins. «Je suis propriétaire au Maroc, dit-il, j'ai une super belle villa. On est pas intéressé par les programmes proposés par le stand marocain, car ils vendent des biens loin de la ville. En plus, moi, aujourd'hui, je suis venu au salon car je cherche une maison en banlieue parisienne. Ma vie est ici ! La villa au Maroc, c'est juste pour quelques jours de vacances. Mes enfants sont ici, je ne me vois pas retourner définitivement au Maroc ». Son épouse, Yasmina, abonde dans le sens de son mari : «On a quitté le Maroc dans les années 60, c'est pas pour y retourner définitivement. Notre vie est ici, on a plus vraiment d'attache affective au Maroc. Franchement je suis surprise de voir ces retraités français partir vivre là-bas. Je me demande comment ils vont faire».

Idée de business pour jeune entrepreneur désirant faire bientôt la une de notre fameuse rubrique CAC93 : créer une plateforme d'échange de biens immobiliers pour retraités français en quête de soleil et immigrés marocains ayant construit leur belle villa au bled mais n'ayant plus envie d'y retourner....

Livret A : tous les mauvais coups sont permis


Les Français se ruent par centaines de milliers sur cette épargne. Les banques usent parfois de moyens à la limite de la légalité pour conserver leurs clients.

Depuis le 1er janvier, toutes les banques de France et de Navarre peuvent enfin commercialiser le Livret A, jusqu'alors chasse gardée de la Banque Postale et de la Caisse d'Epargne. Ce placement de trésorerie, destinée au financement du logement social, est rémunéré à 2,5% en totale franchise d'impôt et de prélèvements sociaux. Plafonné à 15 300 euros, il offre plusieurs avantages : il est sûr, rentable et liquide.



Depuis le début de l'année, les Français se ruent pas centaines de milliers aux guichets des banques pour bénéficier de cette offre, et l'on note une forte augmentation de dépôt sur cette épargne : 19 milliards d'euros pour le seul mois de janvier, somme jamais atteinte depuis 1995. A ce jour, on ne compte pas moins de 46 millions de détenteurs avec un encours de 140 milliards d'euros.

Devant ces chiffres qui donnent le vertige, on comprend parfaitement pourquoi les banques qui sont en manque de liquidités, ont mis en place des actions commerciales agressives et à la limite de la légalité pour attirer les épargnants. Certains établissements offrent une bonification du taux d'intérêt sur le marché monétaire et un abondement sur le versement pour fidéliser le client, offre commerciale tout à fait légale ; d'autres, par contre, pour faire face à cette compétition féroce, abusent de l'innocence des clients et comme d'habitude ce sont les habitants des quartiers populaires, en règle générale les moins informés, qui sont victimes de ces violations du code bancaire : débit de manière autoritaire, souscription du Livret A sans consentement et sans signature...

Les témoignages de clients abusés sont légion. Nous avons rencontré René, un retraité de de Saint-Denis : « Début octobre 2008, mon banquier me contacte afin de me réserver un livret A, je lui rétorque que je possède déjà un livret à la Poste et donc que je ne suis pas intéressé par l'offre. Mais début janvier, je constate malgré tout sur mon relevé de compte qu'on a prélevé la somme de 15 euros afin d'alimenter un livret A, prélèvement auquel je n'ai jamais donné mon accord. »

D'autres épargnants se sont vus associer avec le livret une assurance qu'ils n'ont pas contractée. « Au mois de janvier de cette année, confie Inès, étudiante dans une école de commerce et résidente à Garges-lès-Gonesse, je me rends à banque pour obtenir un prêt étudiant. Mon conseiller m'explique qu'il serait préférable que j'ouvre un livret A, pour que sa hiérarchie donne son accord au prêt. J'accepte car j'ai besoin de ce prêt. Mais quelques semaines après, je vois qu'on a bien prélevé 100 euros pour l'ouverture du livret A, mais en plus, qu'on m'a ponctionné 36 euros avec comme libellé « assurance », assurance à la quelle je n'ai jamais donné mon accord. »

Les banques nouvellement arrivées sur le marché du livret A, attirées par son fumet, ne sont pas les seules à agir de la sorte. La Banque Postale et la Caisse d'Epargne qui commercialisent ce placement depuis plusieurs décennies ne sont pas en reste. On peut le comprendre, elles craignent que leurs clients transfèrent leur livret A dans d'autres établissements bancaires, et là, dans certaines agences, on n'hésite pas à faire pression.

« A la Poste, il ne me reste qu'un Livret A, explique Suzanne, agent d'entretien de Villiers-le-Bel. Je souhaitais transférer ce livret dans ma banque pour des raisons de commodités. Je me présente au guichet afin de faire le nécessaire, et là on me dit que je dois prendre un rendez-vous. Je m'exécute, mais on ne peut me proposer un rendez-vous que dans 15 jours. J'accepte malgré tous. Lors de ma rencontre avec ma conseillère, celle-ci va essayer de me convaincre pendant près d'une heure de ne pas transférer mon Livret A de la Poste à mon autre banque, mais je reste ferme. Cela fait plus d'un mois que j'ai rencontré cette personne, et mon livret A n'est toujours pas transféré. »

Décidément, en ces temps de crise, les banques accordent une grande valeur à l'argent

Casablanca, l'Eldorado des entrepreneurs de banlieue


Yanis, 28 ans, de Mantes la Jolie, en avait assez de prendre chaque matin le RER pour Saint-Lazare. Il a pris un aller simple pour Casablanca. Là bas, pas de crise, 6% de croissance et ses affaires décollent. Il gère à distance le secrétariat de son ancien dentiste.

Alors que les grands de ce monde ont tenté à Londres de trouver des solutions pour endiguer la crise économique, il est un pays, pas très loin de chez nous, qui semble traverser cette tempête financière sans trop de roulis. A vrai dire, ce pays chanceux est plus connu pour ses tajines ou ses souks que pour ses performances économiques : c'est le Maroc.



Aujourd'hui, dans les avions à destination de Marrakech et de Casablanca, les touristes côtoient des hommes d'affaires et des investisseurs attirés par des conditions de développement très avantageuses.

Avec une évolution positive de tous les secteurs d'activités, hormis le textile, une industrie automobile et aéronautique (sous traitance des entreprises internationales) en pleine explosion et une croissance à 6%, le pays est devenu le rendez vous de businessmen du monde entier.

Parmis ces Bernard Tapie en puissance, on croise dans les halls des aéroports de Casa où de Rabat des « mecs de banlieue » qui ne sont pas là pour du business illicite de stupéfiants, mais pour monter des affaires commerciales légales et très lucratives !

Yanis, 28 ans, jeune homme originaire de Mantes la Jolie, titulaire d'un BTS commercial, fait partie des jeunes qui ont pris un aller simple pour Casablanca. « L'idée de partir au Maroc m'est venu lorsque j'ai vu un reportage TV sur un jeune belge d'origine marocaine, qui a quitté Bruxelles, pour développer là-bas une société immobilière. On le voyait se pavaner en Mercedes cabriolet dernier modèle, bronzé et lunettes de soleil sur le nez. Pendant que moi, je me saignais pour un salaire de smicard en étant vendeur chez SFR, en me tapant les transports et le stress quotidiens ».

Partir au Maroc, c'est simple, mais pour y faire quoi ? « Un jour en me rendant chez mon dentiste, j'ai remarqué que la secrétaire était partie et c'est lui qui devait s'occuper seul des taches administratives, qui répondait au téléphone en plus de soigner ses patients. En faisant un sondage rapide dans la région, j'ai découvert que la plupart des médecins étaient dans le même cas. J'avais entendu parler de sociétés off shore installées dans les pays émergents qui sous traitaient certaines activités de services. Je me suis dit que le Maroc c'était l'endroit idéal pour y installer une boite de services aux médecins ». En effet, depuis plusieurs années, le Royaume a compris que les sociétés off shore sont créatrices d'emplois et développe des Pôles de compétitivités dans toutes les grandes villes du pays et en particulier à Casablanca, qu'on appelle aussi la Casaearshore, capitale du business off shore. Aujourd'hui, ce poumon économique représente 60% du PIB.

Après avoir rédigé son business plan, notre « mec de banlieue » prend un aller simple pour le bled. « Cela fait plus d'un an que je suis à Casa. C'est vrai qu'au début cela a été dur de s'habituer aux habitudes des gens. Ici, lorsque tu donne rdv à 15h, il faut attendre la personne à 15h30. C'est un peu le système débrouille. Mais grâce à mon associé médecin qui a toujours vécu ici, je m'y suis fait et pour rien au monde je changerai la plage de Casa contre le trajet Mantes - Saint Lazare ».

Après une quinzaine de mois, sa société n'est pas encore bénéficiaire mais cela ne saurait tarder. « On a commencé avec deux postes, afin de faire les appels sortants et entrants, prise de rdv, taches administratives. Aujourd'hui, on a une dizaine d'employés, mon associé médecin s'occupe du management et moi je démarche les clients par téléphone. Je ne peux pas encore faire des allers retours Casa Paris, mais cela viendra. Comme ils disent ici : Casa n'attire jamais le malheur ! »

mardi 17 mars 2009

Ces riches qui échappent à l’impôt en toute légalité...


Grâce aux conseils d’avocats fiscalistes, certains ménages pourtant assujettis à l’ISF ne paient pratiquement pas d’impôt. Enquête sur une imposition à deux vitesses
Afin de répondre à la baisse de pouvoir d’achat et, par là même, relancer la consommation, le gouvernement envisage de supprimer la première tranche d’imposition. Après avoir instituer le bouclier fiscal, mesure qui favorise les plus riches, le Président décide de venir en aide aux plus pauvres, dans un souci de justice et d’égalité. Mais la réalité démontre, hélas, que les contribuables, selon leurs situations sociales et financières, ne sont pas égaux devant l’impôt. En clair, plus notre patrimoine financier est important, mieux on arrive à échapper à la fiscalité. Pour démontrer cette thèse, nous avons rencontré deux familles, l’une résidant à Neuilly, les époux Durand, et l’autre à La Courneuve, les époux Benkhoud.


Le couple résident à Neuilly est propriétaire d’un appartement d’une valeur d’1,1 million euros, Monsieur perçoit un revenu de 45 000 euros net par an et Madame un revenu net de 35 000 euros. Compte tenu de leur situation patrimoniale et financière, ils sont soumis à l’ISF et à l’impôt sur le revenu. Mais dans les faits nous allons constater qu’au titre de l’année 2009, il n’en est rien.
En effet, le Code général des impôts permet un certain nombre de déductions fiscales, grâce à des outils financiers et juridiques. Et les époux Durand ne s’en privent pas : « Grâce à mon avocat fiscaliste, nous faisons en sorte d’être assujettis le moins possible à l’impôt » et apparemment pour ceux qui sont bien informés des astuces fiscales, on se retrouve avec « une fiscalité très faible » voir nulle.
« Selon notre situation financière, nous devrions payer 10 900 euros d’impôt sur le revenu et 4 235 euros au titre de l’ISF. Au final nous ne payons que 1 900 euros d’IR et rien pour l’ISF. » Ces solutions qui permettent les déductions fiscales sont en majorité des placements financiers distribués par les banques et les assureurs. « Nous avons souscrit auprès notre banque des FCPI et des FIP, qui nous ont permis d’avoir un abattement de 9 000 euros et de déduire la totalité de notre ISF. »
Les FCPI et les FIP pour Fonds Commun de Placement d’Investissement et Fonds d’Investissement de Proximité : ce sont des titres côtés sur des marchés financiers. Leur particularité font qu’ils sont investis dans des entreprises aux activités innovantes, et qui ont moins de cinq ans d’existence. La carotte fiscale est justifiée par le fait qu’elle incite au développement de jeunes entreprises et donc au développement de l’économie. Le seul bémol de cette déduction fiscale c’est qu’elle n’est valable que la première année.
Pour nos époux Benkhoud, rien ne sert d’apprendre par cœur le Code général des impôts, car les solutions de déduction sont minces au regard de leur situation financière. Monsieur perçoit un salaire net de 19 000 euros annuel, Madame 15 000 euros. Ils sont locataires, paient un loyer de 540 euros par mois. N’ayant d’épargne liquide, ils ont un certain nombre de mensualités de crédits de consommation à rembourser, qui représente en totalité près de 40 % de leur revenu global. Ils ne sont pas soumis à l’ISF, mais à l’IR : « Au regard de ce que nous gagnons, nous payons 1 730 euros d’impôt sur le revenu. »
Les intérêts de remboursement d’un prêt immobilier permettent une déduction, mais pour bénéficier de cette mesure il faut déjà avoir la capacité d’acheter un bien : « Compte tenu de notre endettement et de nos faibles revenus, les banques ne prendront pas le risque de nous suivre dans notre projet immobilier. » Résultat, pour les époux Durand, les impôts représenteront 2,9% de leur revenu tandis que les Benkhoud paieront eux 5,08 %.
Mais que ces derniers se rassurent, le gouvernement a décidé d’annuler la première tranche d’imposition. Par contre les banques continueront à commercialiser des crédits « usuriers » à ces mêmes ménages…

Des « Fonds garantis »... pour les banques


Les salles de marchés s’activent régulièrement afin de proposer à leurs distributeurs, les banques et les assureurs, des produits financiers attractifs et faciles à commercialiser auprès de leur clientèle. Parmi ces innombrables offres, il y a un produit que les banques aiment plus que tout commercialiser et ils n’hésitent d’ailleurs pas à en abuser en le proposant plusieurs fois dans l’année sous différentes appellations. Ce sont les fonds de garantie

C’est un placement sûr à moyen et long terme (entre 4 ans et 8 ans), il peut être souscrit dans une enveloppe fiscale comme un Plan Epargne en Action ou une Assurance Vie. La particularité de ce placement, c’est qu’il permet d’investir en Bourse sans perdre son capital investi en cas de chute boursière.
Concrètement, vous investissez un capital qui est indexé sur un indice comme le CAC 40 ou sur un panier d’actions. Si à l’échéance du contrat, l’indice ou le panier est supérieur à celui de départ, vous bénéficiez d’une rémunération. Dans le cas contraire vous récupérez votre capital. En clair, vous gagnez à tous les coups, au grattage et même au tirage. Mais qu’en est-il réellement ?
Toutes les banques de la Place de Paris sont friands de ces produits – c’est « Doublo » à la Caisse d’Épargne, « Bénéfic » à la Banque Postale, « Pimento 5 » à LCL –, et lorsqu’ on regarde de plus prés on comprend pourquoi. D’abord, des frais en tous genres sont ponctionnés, que se partagent la banque et la société de gestion : frais d’entrée, frais de gestion, pénalités de sorties en cas d’arrêt du contrat avant l’échéance.
« En 2000, la bourse était en chute libre, j’avais un peu d’économie, je voulais un placement sans risque, nous dit Alfred, 30 ans, infirmier à Argenteuil. Mon conseiller m’a convaincu d’aller sur un nouveau produit, qui alliait la performance boursière et la garantie du capital, c’était alléchant. Malgré les frais d’entrée de 4 %, des frais de gestion de 0.90 %, mon banquier m’a démontré qu’a l’échéance des 8 ans, je serai gagnant. »
Mais finalement, Alfred a déchanté en 2008 : « J’ai reçu un courrier de ma banque, m’annonçant que malgré la contre-performance, je récupère mon capital net investi, me propose dans le même courrier de repartir sur un autre placement. J’ai été fissa récupérer mon argent et je l’ai placé sur mon livret A. »
L’autre problématique de ce produit ce sont les pénalités de sortie. En effet si vous souhaitez sortir de ce placement avant l’échéance, la banque vous prélève une pénalité de 4%, c’est ce qui est arrivé à Mamadou, 40 ans, agent d’entretien : « J’avais placé 20 000 euros sur un placement garanti sur une durée de 4 ans. Malheureusement j’avais besoin de cet argent au bout de deux ans, suite à un accident de la vie. J’ai récupéré moins que mon investissement puisqu’il y avait des pénalités de sortie, ce qu’a omis de me dire mon banquier au départ. »
C’est vers la fin des années 90 que les banques ont commencé à commercialiser ce type de produits. Le constat est terrible pour les particuliers aujourd’hui, puisque la plupart de ces fonds ont fait des performances inexistantes ou faibles. Mais pour les banques c’est tout bénef ! Frais multiples et élevés, client fidélisé pour au moins 8 ans, produit facile à commercialiser et faible rémunération versé à l’épargnant. La crise financière a mis en lumière les excès des salles de marchés et des sociétés de gestion, en créant à tout va des produits financiers pour plus de performance et de commissions. Les placements garantis en font partie.
Si vous souhaitez réellement investir en Bourse sans prendre de risque, il vaut mieux investir sur une SICAV action en mettant en place des versements mensuels, que de privilégier des formules qui ne répondent à aucune logique financière.

Afflux de chômeurs à Pôle Emploi : « Ça va exploser »


Les ex-ANPE ne parviennent pas à faire face à la « demande » des sans emploi. Exemple frappant à l’agence de Sarcelles. Témoignages.

Après l’annonce des derniers chiffres du chômage qui annonce une augmentation de prés de 90 000 chômeurs en un mois, Laurent Wauquiez, secrétaire d’Etat à l’emploi, prévient l’opinion publique : « On va avoir des chiffres comme ça sur plusieurs mois. » L’annonce angoisse, alors le chef de l’Etat tempère en affirmant que la France n’est pas le dernier de la classe occidentale. Mais le patronat et les syndicats sont unanimes pour dire qu’à la fin de l’année, il y aura de 454 400 chômeurs de plus.
Sur le terrain, Pôle Emploi est débordé, les syndicats réclament à cors et à cris des embauches afin de faire face à cette accrue sans précédent de chômeurs. Les agents sont mobilisés uniquement pour accueillir les demandeurs d’emploi et non plus pour établir des parcours professionnels ou démarcher d’éventuels recruteurs. A l’antenne du Pole Emploi de Sarcelles, on est à bout, on arrive à des situations complètement aberrantes.
Ali, 30 ans, ingénieur au chômage depuis deux mois, titulaire d’un doctorat en chimie, témoigne : « J’ai été licencié suite à un dépôt de bilan de ma boîte, c’est la première fois que je suis victime du chômage, pour moi, c’est dur moralement, mais je suis décidé à me battre. Hélas, j’ai vite déchanté lors de mon premier entretien avec mon conseiller pole emploi. »
Ali poursuit : « Je me pointe à 9 heures du matin, comme indiqué sur ma convocation, je ne suis reçu qu’à 9h30, par une jeune femme complètement en panique, qui munie d’une feuille, appelle plusieurs personnes, dont moi. Nous sommes une dizaine, on nous fait entrer dans une salle, il y a une grande table ronde avec plusieurs chaises, et au fond un Paper Board. La conseillère nous annonce que compte tenu du nombre de chômeurs, elle ne peut plus faire face, elle reçoit donc par groupe de dix, et que les entretiens individuels, c’était fini pour l’instant. »
Notre chômeur qui s’attendait à un entretien individuel afin de définir son parcours de recherche d’emploi, comprend qu’il ne pourra compter que sur lui-même pour trouver un emploi : « Chacun de nous s’est présenté à tour de rôle, j’étais le seul ingénieur, la plupart était sans diplômes et occupaient des postes type agent d’entretien. La conseillère annonce que se premier atelier consistera à apprendre à faire un CV. Je me lève et fais remarquer que je suis diplômé et cadre de surcroît, que je n’ai rien à faire dans cette réunion. Je demande qu’on m’inscrive à l’APEC (recherche d’emploi pour les cadres, ndlr). »
La réponse de la conseillère est cinglante, selon Ali : « Elle me dit que cette demande d’inscription à l’APEC aurait dû être faite au moment de la première inscription et que maintenant, c’est trop tard. Elle me dit de me rasseoir, et me fait comprendre que si je refuse d’assister à ces ateliers, je serai radié », avec le risque de ne plus percevoir d’indemnités ASSEDIC.
Nous avons cherché à en savoir plus. Nous avons contacté la conseillère Pôle Emploi de Sarcelles. Elle souhaite garder l’anonymat : « Vous savez, moi, à la base, je m’occupe des chômeurs du monde du spectacle, et là, ma hiérarchie me demande de suppléer au manque de personnel dans l’agence. Je m’occupe de tous les métiers maintenant, or je n’ai à la base aucune formation dans les autres métiers, je fais comme je peux, je suis obligée de recevoir les gens en réunion collective, on n’a plus le temps de faire des entretiens individuels, on a trop de demandeurs d’emploi, je n’ai jamais vu cela en dix ans carrière, ça va exploser c’est sur. »
Pour faire face au chômage de masse, il est semble urgent d’embaucher à Pôle Emploi, au risque que cette entité ne serve qu’à enregistrer des inscriptions, et non à aider les sans emplois à trouver du travail.
Chaker Nouri

mercredi 28 janvier 2009

Rmiste en France, CSP+ à Dubaï


Après des années de galères, de nombreux jeunes « beurs » ont décidé de partir travailler au Moyen-Orient, où on leur propose souvent des postes à responsabilités et de hautes rémunérations. Là-bas, ce n’est pas la couleur qui compte, mais les compétences

Dans les années 60, leurs pères traversaient la Méditerranée en masse pour venir s’échouer dans le port de Marseille. Certains restaient sur place, d’autres allaient plus au Nord. Tous étaient persuadés, qu’ils allaient enfin trouver un travail, mieux rémunérés qu’au « bled ». Aujourd’hui l’histoire se répète, leurs enfants rêvent de quitter leur quartier pour se rendre au Moyen-Orient, plus particulièrement à Doha ou bien à Dubaï. Sûrs comme leurs grands-parents qu’ils trouveraient un travail avec une bonne rémunération.



Ce phénomène touche surtout les jeunes « beurs » âgés entre 25 et 35 ans, diplômés ou pas, souvent célibataires, et résidants dans les quartiers dits « défavorisés ». Les motivations sont diverses. Certains veulent partir suite à une longue période de chômage, comme Ahmed, âgé de 28 ans, titulaire d’un BTS Electronique : « Dès que j’ai décroché mon BTS, j’ai été recruté par une filiale d’EDF, en CDD de 6 mois renouvelable. Mais au bout d’un an, je n’ai pas été reconduit. Depuis je suis sans emploi, je touche le RMI. »

Alors lorsqu’il voit l’émission Capital (M6), un reportage sur Dubaï il entreprend « des démarches pour travailler là-bas : le mieux c’est de décrocher un job avant de partir ». Et il en est sûr, son « salaire sera triplé ». « Mon souci c’est l’anglais, je prends des cours pour m’améliorer, parce que cette langue est nécessaire plus que l’arabe. »

D’autres, victimes de discrimination au travail, pensent que dans des pays arabes ils seront plus épanouis. À l’instar d’Ali, 34 ans, titulaire d’un DESS en Finance : « Je suis sur le marché du travail depuis 6 ans, j’ai toujours obtenu des postes d’agent de maîtrise, avec un salaire ne dépassant pas les 1 500 € par mois. » Même s’il vit encore chez ses parents, il a cependant « besoin de prendre mon indépendance ».

« Financièrement je ne peux pas, vu mon niveau de rémunération. Si je souhaite occuper un poste de cadre, en France, je n’ai surement pas la bonne tête. Récemment, j’ai envoyé mon CV à un cabinet de recrutement spécialisé au Moyen-Orient. J’ai reçu des réponses positives, des offres qui correspondent réellement à mes compétences et avec une rémunération 4 fois supérieur à ce que je gagne actuellement en France ! »

Ahmed insiste sur le fait que cet engouement vers le Moyen-Orient et plus particulièrement vers Dubaï, touche énormément de jeunes Français d’origines maghrébines. Mais pour lui cela n’a rien à voir avec un retour aux sources de l’arabité : « Les jeunes qui veulent partir travailler dans un pays du Golfe le font avant tout pour des raisons économiques et sociales sinon ils se rendraient plus vers le Maghreb. » Car les pays du Golfe ont une approche « anglo-saxonne du marché du travail, transparente et compétitive ; c’est la compétence qui prévaut avant l’origine et la couleur de peau. D’ailleurs, si cela ne marche pas à Dubaï, je partirai à Londres. »

Le Maghreb des années 60 a perdu une grande partie de sa jeunesse, qui a préféré participer à la reconstruction de la France d’après-guerre qu’au développement de leur propre pays. Il en va de même aujourd’hui, sauf que les flux s’inversent. L’État français qui aura contribué à former une partie de sa jeunesse voit sa main d’œuvre qualifiée de demain la quitter pour de meilleurs horizons. En d’autres termes : les jeunes de la diversité parient sur l’avenir et la France n’en fait pas partie…

jeudi 8 janvier 2009

Travail et pouvoir d’achat en prison


« Mon salaire est de 150 € par mois en moyenne, sans salaire minimum, payé à la tâche. Je travaille 8 heures par jour, du lundi au vendredi : si je suis absent pour maladie ou autre, je ne suis pas payé et notre contremaître peut à tout moment nous licencier sans préavis, du jour au lendemain. » Vous pensez sans doute que celui qui prononce cette phrase est un pauvre Tiers-mondiste exploité par une multinationale ? Détrompez-vous, c’est un citoyen français : Karim, 45 ans, est père de famille. Il est ouvrier dans un atelier bien français, situé dans une commune du Val d’Oise : Osny. Sa particularité c’est qu’il se trouve dans une maison d’arrêt et que notre ouvrier est un détenu.



Dans notre imaginaire, influencé en grande partie par les sériés américaines, les prisonniers passent leur journée à dormir, à faire de la muscu dans la cour, à se battre entre clans, le tout nourries et blanchies. Quitte à décevoir les amoureux de Prison Break, cette image d’Epinal est fausse.

En effet, la prison est une ville, il y a une église et une mosquée, un supermarché, une banque, un centre médical. De même, il y a des salariés, des chômeurs et des rentiers. Ce que nous confirme notre ouvrier détenu : « En prison, vous avez accès un emploi rémunéré et le choix à différents métiers : ouvrier à l’usine, auxi [nettoyage et distribution de la gamelle], maintenance [électrique et plomberie], commis de cuisine. Pour postuler, vous devez transmettre une candidature au DRH qui est le Surveillant-Chef de votre Bâtiment. »

« Malheureusement, les postes sont limités, beaucoup d’entre nous n’ont pas accès à l’emploi. Par conséquent, ces derniers se trouvent dans des situations extrêmement précaires. Seule une minorité parmi nous n’ont pas de problème, puisqu’ils reçoivent de l’argent de l’extérieur. » En plus de permettre aux détenus de s’occuper durant la journée, le travail permet aussi de rembourser les parties civiles, subvenir aux besoins de sa famille, améliorer le quotidien en détention.

Karim insiste particulièrement sur ce fait : « Sans argent, votre quotidien est un enfer, la TV n’est pas gratuite, je paie un abonnement de 30 euros par mois, il faut aussi louer le frigo – c’est 15 euros par mois –, la gamelle qu’on nous donne en taule est tellement dégueulasse que toutes les semaines je commande des produits alimentaires pour me préparer des bons plats grâce à une chauffe artisanale. Je commande aussi des boissons, des confiserie, etc. »

« Toutes les semaines nous recevons des bons de cantines, c’est une sorte de catalogue où l’on peut choisir nos produits et nous sommes livrés une semaine après. Mon budget alimentaire varie aux environs de 100 € par mois. Il me reste très peu après. Avec un salaire de 150 €, c’est juste ! » Alors Rachid nourrie l’espoir d’être un jour « auxi » : « Je pourrai percevoir 250 € par mois, je serai comme un pacha. »

Comme dans toutes sociétés de consommation, il y a un banquier qui gère leur argent : « C’est le comptable de la prison qui se charge de régler vos achats, de percevoir votre salaire, d’envoyer de l’argent à vos familles, de payer toutes les factures (TV, frigo…). L’argent ne circule pas physiquement en prison, tout passe par la comptabilité. »

Karim, malgré son enthousiasme de faire partie des privilégiés qui peuvent exercer une activité salariale, ne peut s’empêcher de critiquer les conditions de travail en prison : « On n’a pas le choix, si on ne travaille pas, on a pas de “tune”, on est morts en taule, mais le système profite de cela pour nous exploiter. Le pire c’est quand tu travailles à l’atelier, on te parle comme un chien. En plus, c’est même pas des surveillants qui contrôlent ton boulot, c’est des salariés de GEPSA, une société de sous-traitance pour des grands groupes français. »

« Les chefs d’ateliers ont le pouvoir de vie ou de mort sur toi : si tu as le malheur de contester quelque chose ou bien de ne pas être assez productif, il peuvent te virer et tu rentres en cellule. Le chômage quoi ! »