lundi 8 décembre 2008

Natixis, grosse banqueroute pour petits porteurs



De nombreux petits épargnants de banlieue ont acheté des actions Natixis, présentées comme des placements sûrs et profitables. Aujourd’hui, la banque d’investissement fait l’objet d’enquêtes par l’Autorité des marchés financiers et l’action a perdu l’intégralité de sa valeur. Comme pour les crédits revolving, les moins informés sont les plus lésés



« C’est l’affaire du siècle ! », assuraient les agents des Banques Populaires et de la Caisse d’Épargne. Les deux banques mutualistes annonçaient en 2006 à grand renfort d’opérations marketing et commerciales que l’action Natixis serait une opération fructueuse. Quelle affaire effectivement ! Lors de sa mise en bourse, l’action cotait à 15 euros environ, alors qu’aujourd’hui elle est à 1,42 euros, soit une baisse de 90%. Et à l’heure actuelle, elle se trouve sous le coup de trois enquêtes de l’Autorité des Marchés Financiers, le gendarme de la Bourse. Ce qu’on ne dit pas c’est que cette chute vertigineuse lèse surtout de petits épargnants à qui on a vendu des placements sûrs.

Natixis est à l’origine une Banque d’investissement née de la fusion des activités (en investissement) des Banques populaires et des Caisses d’épargne en novembre 2006. Moins de deux plus tard, elle subit de plein fouet la crise des subprimes : en raison de sa spécialisation dans des activités liées aux marchés, c’est l’une des banques françaises les plus exposées.

Loin des salles de marchés de Natixis, les commerciaux de ces banques mutualistes ont commercialisé cette action avec une ardeur sans commune mesure et en insistant sur la solidité du titre Natixis : phoning, mailing, réunion d’information. Selon nos informations, les employés avaient un objectif de vente et percevaient une prime. Il faut aussi insister sur le fait que les Banques populaires et les Caisses d’épargnes étaient directement intéressées aux opérations de souscription, en tant que chef de file des actionnaires.

Qu’en pensent aujourd’hui les petits porteurs, victimes de cette agressivité commerciale ?

Alexandre H., résident à Garges-lès-Gonesse : « J’avais 7 000 euros sur mon compte d’épargne. Mon banquier me contacte par téléphone pour me faire profiter des actions Natixis, en me disant que c’est une banque solide, soutenue par des banques stables et mutualistes. Selon lui, j’étais certain de faire une affaire… Je vois le résultat aujourd’hui ! » Certains clients n’ont même pas eu besoin de se déplacer à l’agence, à l’instar de Marylin P., résidente de Montmorency : « Un soir, ma conseillère me contacte pour me vendre des Natixis, elle me précise que c’est une superbe opportunité. J’ai dit que j’allais pas pouvoir passer à l’agence. Alors elle a proposé de venir chez moi… »

Il y a aussi l’exemple qui m'a été rapporté de ce banquier de la Caisse d’Épargne qui, en se rendant au Commissariat de Police pour faire une déclaration de perte de ses papiers, se fait sermonner par le policier de permanence, car ce dernier avait souscrit pour 1 500 euros de Natixis et on lui promettait une affaire en or…

Dans cette affaire, les banques ont respecté scrupuleusement les règles établis par l’AMF et l’obligation d’information : les documents détaillant les risques de cette opération ont bien été remis aux clients. Mais dans les faits, très peu d’épargnants lisent ces textes, par ailleurs souvent incompréhensibles. Beaucoup se contentent, en particulier les habitants des quartiers, de faire confiance à leur banquier.

Si demain les soupçons de manipulation des cours se confirmaient, il y a fort à parier que Natixis, banque d’investissement de deux grosses banques mutualistes, serait soutenue par l’État pour faire face aux réparations. Et les petits porteurs ?

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