mardi 12 mai 2009

Manuel, entrepreneur acclamé de partout, n'a pas trouvé de financement



Créer sa propre entreprise est une aventure qui aboutit parfois à une succès story mais, le plus souvent, à en croire les statistiques, à un échec. Alors qu'est ce qui peut bien pousser un jeune des quartiers comme Manuel, salarié et de surcroît fonctionnaire, à faire un pari aussi osé que celui de la création d'entreprise ? Lauréat du concours Talents des cités, il n'a pas trouvé de financement!

Manuel Mangata, 33 ans, originaire de la Seine-Saint-Denis, a choisi de prendre le risque d'être son propre patron. « Après mon Bac F1, j'avais comme ambition d'être prof de gym, mais pour faire de longues études, il faut de l'argent. C'est donc après ma deuxième année de Deug que j'ai arrêté mes études. J'ai alors intégré la Mairie de Neuilly-sur-Marne pour être animateur jeunesse. En parallèle, j'ai passé un certain nombre de diplômes dans l'animation ».



Devenu fonctionnaire d'une collectivité locale, notre entrepreneur en herbe se sent très vite à l'étroit dans ses nouveaux habits. « J'avais la bougeotte, j'ai toujours été quelqu'un d'ambitieux. J'ai créé une association de foot en salle. D'ailleurs, un joueur de Rennes et de Guingamp sont passés par cette structure ». Mais cela ne lui suffit pas. « Le fait de côtoyer l'animation m'a permis de découvrir une niche. En effet, j'avais vu que dans la plupart des quartiers il n'y avait pas de lieu consacré aux gamins et aux adultes de 3 ans à 99 ans, un lieu pour se réunir, boire un café ou un jus, fêter son anniversaire, jouer, un lieu convivial et bon enfant ». Il sauta donc le pas.

En 2006, en compagnie d'un ami et avec l'aide d'une boutique de gestion et de la chambre de commerce de Bobigny, il fait son business plan et présente son projet au concours Talents des cités.

Les choses démarrent plutôt bien, puisqu'il sera le lauréat national 2007. La société SFR devient le partenaire et sponsorise la nouvelle start up à hauteur de 7000 euros. « Au début, tout allait bien, réceptions vip, invitations en tous genres, emballement médiatique». Puis cela se gâte. « On voyait les choses en grand, on avait besoin d'un financement de 150 000 euros. Sûrs de nous, car nous avions gagné le concours. Toutes les structures publiques ont validé notre dossier. On ne pensait pas avoir de mal à trouver un financement, mais on a été vite déçu car les banques et les business angels nous ont fait tourner en rond pour rien ». Certaines mairies ont vu d'un très mauvais œil cette concurrence aux centres de loisirs publics. « A chaque fois qu'on tentait de louer un local, la Mairie de la ville concernée nous mettait des bâtons dans les roues. J'ai même demandé l'intervention du Préfet et de Fadela Amara, en vain ».

Devant toutes ces péripéties, Manuel a failli renoncer. « Courant 2008, j'en avais marre de me battre, surtout que mon associé a jeté l'éponge entre temps. Je me suis remis en question, j'ai revu mon budget de financement à la baisse, soit 30 000 euros. Malgré cette réduction, les banques refusaient toujours de prêter, estimant que mon projet était trop novateur. J'avais aussi renoncé à m'installer dans des grandes villes. J'ai donc cherché un local dans la ville de Courtry, 8000 habitants, et j'ai signé un bail précaire de deux ans ». Avec le risque que tous s'arrête car ce bail peut être arrêté unilatéralement par le propriétaire à l'issue de la deuxième année, sans indemnisation.

Aujourd'hui, le Café des Jeux est ouvert et reçoit du public. Manuel n'a toujours pas trouvé de financement, il a fait les travaux lui-même, il a embauché une personne en Contrat d'Iniative Emploi. Son chiffre d'affaires couvre ses charges mais ne lui dégage aucun salaire.
Il vit grâce à son salaire d'animateur, qu'il exerce toujours dans une Mairie.

Beaucoup, à sa place, auraient déjà renoncé. Mais Manuel continue de croire en son projet. Alors si vous passez par Courtry, faites un détour chez lui, vous ne serez pas déçus

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