vendredi 15 mai 2009

Rachida Dati parle business et bébés à Bondy


Gros bras à l’entrée filtrant les invités, journalistes parisiens et suisses présents, hommes et femmes sur leur trente et un. Une cinquantaine d’entrepreneurs de banlieue attend avec impatience la star du jour. Habituellement, pour avoir une chance d’entre-apercevoir cette femme prestigieuse, il faut se rendre au ministère de la justice, Place Vendôme, ou à la mairie du 7e arrondissement de Paris. A défaut, se contenter des magazines politiques et people.

20h30, la nuit tombe sur Bondy, elle arrive enfin place de la République, sort de sa voiture accompagnée de ses bodyguards. Les journalistes et caméramans l’entourent aussitôt. De noir vêtue, affichant un large sourire, elle pénètre dans la brasserie Murat, où un dîner-débat l’attend. Elle marche d’un pas décidé, sûre de l’effet qu’elle produit, salue les personnes présentes. On lui indique sa table, la soirée peut commencer : Rachida Dati, Mesdames, Messieurs !

La diva ! Attention, nous sommes à Bondy, non à Cannes. Pas d’excès. Ambiance sérieuse, studieuse, même, avec en guise d’euphorisant, un doigt de vin pour ceux qui s’autorisent l’alcool. Ce soir, ce n’est pas la garde des sceaux qui vient, mais la candidate aux élections européennes, deuxième sur la liste UMP en Ile-de-France. Elle a répondu à l’invitation lancée conjointement par le Business Bondy Blog et La nouvelle pme, « réseau social dédié aux entrepreneurs issus des minorités ou des quartiers ». Les convives, qui ont chacun payé leur repas, sont là pour questionner Rachida Dati sur la problématique de « l’entreprise dans l’Europe » et plus précisément sur celle des « PME issues de la diversité ».

L’atmosphère est conviviale et sympathique, mais cette décontraction n’empêche l’apparition de tensions, à propos de la finance islamique notamment, thème cher à quelques-uns des participants. « Je suis contre le communautarisme, répond-elle. La finance islamique, si elle se conforme à la législation, pourquoi pas ? C’est avant tout un mode de financement, avant d’être une solution pour une communauté particulière. »

Debout telle une prima donna, elle fait face à l’adversité, mais elle est aussi très à l’aise dès lors qu’on touche à des sujets plus personnels, voire intimes. A une chef d’entreprise, enceinte et ça se voit, elle dit sans hésiter : « C’est pour quand votre bébé ? Vous verrez, c’est un bonheur immense, un bébé. »

A l’occasion de cette soirée, elle fait une confidence : elle est favorable aux statistiques ethniques, contrairement à son mentor Nicolas et sa « copine » Fadela : « Les statistiques, c’est un outil de mesure pour identifier les discriminations, donc je suis pour dans ce sens-là. » Politicienne, elle lance une pique en direction de Benoît Hamon* et Harlem Désir, députés socialistes européens qui se représentent et qui n’ont pris, les vilains, « que deux fois la parole dans cette enceinte » en cinq ans de législature.

Une heure de débat. Une sortie aussi mouvementée que son arrivée. Mais elle ne pouvait décemment pas quitter cette soirée sans poser pour une belle photo avec la jeune femme enceinte.

Chaker Nouri

*Benoît Hamon sera le prochain invité de La nouvelle pme et du Business Bondy Blog, le 26 mai à Nanterre.

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