lundi 13 avril 2009

Casablanca, l'Eldorado des entrepreneurs de banlieue


Yanis, 28 ans, de Mantes la Jolie, en avait assez de prendre chaque matin le RER pour Saint-Lazare. Il a pris un aller simple pour Casablanca. Là bas, pas de crise, 6% de croissance et ses affaires décollent. Il gère à distance le secrétariat de son ancien dentiste.

Alors que les grands de ce monde ont tenté à Londres de trouver des solutions pour endiguer la crise économique, il est un pays, pas très loin de chez nous, qui semble traverser cette tempête financière sans trop de roulis. A vrai dire, ce pays chanceux est plus connu pour ses tajines ou ses souks que pour ses performances économiques : c'est le Maroc.



Aujourd'hui, dans les avions à destination de Marrakech et de Casablanca, les touristes côtoient des hommes d'affaires et des investisseurs attirés par des conditions de développement très avantageuses.

Avec une évolution positive de tous les secteurs d'activités, hormis le textile, une industrie automobile et aéronautique (sous traitance des entreprises internationales) en pleine explosion et une croissance à 6%, le pays est devenu le rendez vous de businessmen du monde entier.

Parmis ces Bernard Tapie en puissance, on croise dans les halls des aéroports de Casa où de Rabat des « mecs de banlieue » qui ne sont pas là pour du business illicite de stupéfiants, mais pour monter des affaires commerciales légales et très lucratives !

Yanis, 28 ans, jeune homme originaire de Mantes la Jolie, titulaire d'un BTS commercial, fait partie des jeunes qui ont pris un aller simple pour Casablanca. « L'idée de partir au Maroc m'est venu lorsque j'ai vu un reportage TV sur un jeune belge d'origine marocaine, qui a quitté Bruxelles, pour développer là-bas une société immobilière. On le voyait se pavaner en Mercedes cabriolet dernier modèle, bronzé et lunettes de soleil sur le nez. Pendant que moi, je me saignais pour un salaire de smicard en étant vendeur chez SFR, en me tapant les transports et le stress quotidiens ».

Partir au Maroc, c'est simple, mais pour y faire quoi ? « Un jour en me rendant chez mon dentiste, j'ai remarqué que la secrétaire était partie et c'est lui qui devait s'occuper seul des taches administratives, qui répondait au téléphone en plus de soigner ses patients. En faisant un sondage rapide dans la région, j'ai découvert que la plupart des médecins étaient dans le même cas. J'avais entendu parler de sociétés off shore installées dans les pays émergents qui sous traitaient certaines activités de services. Je me suis dit que le Maroc c'était l'endroit idéal pour y installer une boite de services aux médecins ». En effet, depuis plusieurs années, le Royaume a compris que les sociétés off shore sont créatrices d'emplois et développe des Pôles de compétitivités dans toutes les grandes villes du pays et en particulier à Casablanca, qu'on appelle aussi la Casaearshore, capitale du business off shore. Aujourd'hui, ce poumon économique représente 60% du PIB.

Après avoir rédigé son business plan, notre « mec de banlieue » prend un aller simple pour le bled. « Cela fait plus d'un an que je suis à Casa. C'est vrai qu'au début cela a été dur de s'habituer aux habitudes des gens. Ici, lorsque tu donne rdv à 15h, il faut attendre la personne à 15h30. C'est un peu le système débrouille. Mais grâce à mon associé médecin qui a toujours vécu ici, je m'y suis fait et pour rien au monde je changerai la plage de Casa contre le trajet Mantes - Saint Lazare ».

Après une quinzaine de mois, sa société n'est pas encore bénéficiaire mais cela ne saurait tarder. « On a commencé avec deux postes, afin de faire les appels sortants et entrants, prise de rdv, taches administratives. Aujourd'hui, on a une dizaine d'employés, mon associé médecin s'occupe du management et moi je démarche les clients par téléphone. Je ne peux pas encore faire des allers retours Casa Paris, mais cela viendra. Comme ils disent ici : Casa n'attire jamais le malheur ! »

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